Péripéties en Pandarie

Arrivés par portail d'Orgrimmar à Rosée-de-miel, les Héritiers se sont rendus à l'Arboretum de la Forêt-de-jade pour une soirée de partage des contes et légendes, où Rok'hen Zula prit la parole pour témoigner de l'histoire de Gueule-fondue.

Dans la Vallée-des-quatre-vents, les trolls retrouvèrent les Taurens de la Terre-mère au cours de la traditionnelle marche des kodos devenue marche des mushans, traversant les plaines agricoles de la région jusqu'au majestueux Cuir-noir le Brûlé.

Les Héritiers devaient maintenant rejoindre le Val central de la Pandarie, pour y retrouver les Chroniqueurs et déposer de nouvelles reliques et parchemins au Siège de la connaissance. Acrae trouva un moyen étonnant de s'affranchir de l'escalade des montagnes et laissa les instructions à ses amis pour la rejoindre.

Le Val de l'éternel printemps avait retrouvé son calme depuis leur dernière venue. Les Héritiers retrouvent leurs "trésors" laissés en dépôt au Siège de la connaissance, gardés par l'ordre des Chroniqueurs. Les nouveaux trolls du groupe s'instruisent sur la savance rassemblés par les Héritiers, tandis que les objets plus récents sont ajoutés à la collection.

Toutefois, suite à une soirée de discussion avec Xiong, des questionnements surviennent sur les mogus et leur "créateur", ainsi que sur les autres peuples pandarens "modelés" par les mogus durant leur tyrannie, ainsi que sur les pouvoirs du roi-tonnerre, Lei-Shen qui aurait vaincu non seulement les quatre Astres vénérables mais aurait aussi usurpé le pouvoir de son maître-créateur.

Les Héritiers retrouvèrent la trace des mogus Rajani dont ils espéraient des réponses quant au passé des trolls et des mogus, mais ils ne reçurent pour tout accueil que froideur et dédain. Les gardes rajani leur rirent au nez quand ils demandèrent audience auprès de leur ambassadeur et encore plus quand les trolls souhaitèrent obtenir un droit d'entrée dans les Caveaux sous-terrains. Il fallait trouver une meilleure façon de marchander, ou bien chercher ailleurs des objets du passé troll sur ce continent.

Après quelques temps de réflexion, il fut convenu de rallier l'île du tonnerre, l'ancien fief du Roi-tonnerre. L'endroit avait vu débarquer et périr de nombreux trolls de diverses tribus ralliées par les prédictions du prophète Zul. Ils avaient peut-être laissés derrière eux, dans les marécages et l'oubli, des objets, artefacts... ou âmes détentrices d'informations importantes. En outre, certains Héritiers avaient un lien avec cette île, un morceau de leur passé qui les hantait encore. Des préparatifs et l'accord des hautes instances pandarènes furent nécessaires, avant que les trolls n'accèdent à ce lieu encore dangereux.


Dans un premier temps il fallut se repérer, arpenter un chemin pour traverser les marais jusqu'à retrouver d'anciens campements zandalari abandonnés où établir une base qui servirait de refuge entre deux explorations poussées des environs et de ce qu'ils recèlent.

Il fut convenu d'examiner un ancien campement troll abandonné, non loin des plages du débarquement de l'expédition zandalari. De vieilles embarcations de fortune vermoulues, rejetées par la mer sombre, décoraient encore les rivages. Les trolls trouvèrent également une créature marine difforme échouée, à moitié dévorée et décomposée. Qui sait ce qui rôde dans ces eaux ?


En avançant avec précaution entre les tentes dont ne subsistent plus que les armatures de bois et métal, les trolls constatèrent rapidement que tout avait été vidé, sans doute emporté à la hâte par les occupants, puis largement pillé et détruit par les troupes armées et les aventuriers qui avaient eu l'occasion de fouiller l'île après la chute du roi-tonnerre et des mogus.

Dans une ancienne tente planait un malaise tant l'endroit était encore saturé de sombre mojo. Ils aperçurent de nombreux squelettes de diverses races au sol, des prisonniers et sacrifices que les Zandalari avaient probablement utilisés, mais à quelle fin et pour quelle sorte de rituels ? Les trolls découvrirent une tablette en argile, mais dès qu'ils lurent son message de propagande pour le prophète Zul, l'objet fut envoyé valsé au milieu des décombres.


Visitant encore d'autres bâtiments très abimés, les Héritiers notèrent que deux d'entre eux comportaient des idoles représentants des têtes, sans doute de facture trolle, mais plus grossière que l'art zandalari habituel et pouvant visiblement contenir quelque chose, mais à présent vides. Le mécanisme ou la fonction de ces idoles demeurèrent mystérieux. Un masque en dorure, lui clairement d'ouvrage zandalari représentant un visage troll paré de serpents fut également trouvé, ainsi que quelques parchemins noircis et en partis illisibles dans une jarre en terre cuite au milieu d'un tas d'affaires brisées.

Mais l'excursion fut abrégée quand Ta'ka fut emportée par un hurleciel : la présence des Héritiers qui s'étaient attardés dans le vieux campement n'était pas passée inaperçue ! La bête fut abattue à terre et Ta'ka libérée de ses crocs avec de grandes difficultés avant de déguerpir au plus vite et éviter d'attirer toute la nichée de bêtes volantes.

Pour obtenir des informations, il fallut pénétrer dans les ruines d'une nécropole mogu. L'endroit était vide depuis que les Pandarens et les armées de l'Alliance et de la Horde en avaient méthodiquement éradiqué les occupants. Mais les lieux laissés à l'abandon et livrés aux implacables éléments sont instables...


Le sol fragilisé s'effondra sous les pieds des trolls, les conduisant dans une ancienne salle scellée où sommeillait un esprit emprisonné banni. Il tenta de les berner pour obtenir sa liberté, et en fut quitte pour être définitivement consumé et détruit par Kazo'ju. Guidé par quelques filles de Shadra à travers un interstice, Rok'hen Zula creusa une échappatoire avant que les spectres vengeurs ne les pourchassent.




Ayant constaté que le lien avec les loas était grandement affaibli sur cette île, Rok'hen Zula remarqua malgré tout la présence de nombreux saurides, sans doute importés par mégarde à bord des bateaux zandalari plusieurs années auparavant. Ils avaient proliféré et infesté l'île entière. De tous les loas, Jani est celui qui sait se faufiler et se glisser là où on ne l'attend pas ! Il était peut-être bien le seul avec qui il était encore possible de communier facilement et d'obtenir de l'aide.


Armés d'un appât, les trolls suivirent les saurides jusqu'à une cachette dans un arbre creux du marécage et, pour amadouer le loa des charognards et des secrets, procédèrent à des offrandes. Vanhem avait apporté une belle perle de palourde durement acquise sur les mollusques locaux et Acrae avait chassé une imposante tortue à la carapace bleutée.


Jani se manifesta à eux, satisfait par l'humilité de ces trolls "clopinards" de diverses tribus face à lui. Il envisagerait d'apporter sa bénédiction à leur entreprise sur cette île en échange d'aide. En effet ses enfants avaient trouvé ici des rivaux : les sauroks. D'autres charognards écailleux qui se croyaient tout permis et osaient même voler les trésors de la pile de Jani ! Une seule façon de remettre ces prétentieux à leur place : la méthode forte !


En rapportant à l'arbre creux des preuves de la mort de plusieurs sauroks en tant que mise en garde pour les tenir à distance, les trolls obtinrent la bénédiction du loa qui leur serait certainement utile pour trouver des passages cachés et rétablir le lien avec d'autres loas.

Depuis un rituel mené pour tenter d'aider Bwonsamdi à recueillir les âmes errantes des trolls morts sur cette île, l'état de Kazo'ju était préoccupant. Le troll n’avait apparemment pas supporté l’ampleur du sort qu’on lui avait fait lancer, et s’était aussitôt écroulé, dans un profond malaise.

Le lendemain, et malgré les soins que les héritiers lui avaient prodigués, Kazo’ju ne s'était pas réveillé, en proie à ce qui ressemble à une vilaine fièvre. Devant cette situation inquiétante, décision fut prise de rallier le campement de base des expéditions de recherche menées sur l'île par la Horde. Les trolls n'avaient guère envie que la Horde se mêle de leurs propres intérêts mais le choix n'était plus permis.

Vanhem porta Kazo'ju inconscient et le groupe de trolls plia bagages pour parvenir à ce centre de recherches. De fait il ne fut pas difficile de le retrouver sur la côte ouest, protégé par de nombreuses balises de défense et des golems elfiques. Une poignée de sindorei - probablement du fameux Reliquaire - occupaient les lieux, mais quelques réprouvés, pandarens, shaldorei et même un tauren et une orque furent aperçus, preuve que l'île n'avait pas fini de révéler tous ses secrets pour les plus acharnés - ou entêtés.

C'est alors que les trolls tombèrent sur Yannos Rush, un elfe "archéologue" rencontré précédemment à Lune-d'argent et collectionneur féru d'artefacts trolls. Il expliqua être là pour une mission officielle de haute importance : trouver quelque chose permettant de contrôler les tempêtes et la foudre afin de contrer une menace "primaliste" qui avait surgi en Kalimdor en l'absence des Héritiers.


Avec son aplomb habituel et son mépris certain, le sindorei proposa de recruter les Héritiers à son service, ce qui fut refusé. Il les nargua en agitant les derniers documents à jour acquis révélant les plans les plus précis du complexe palais de Lei-Shen, confiés par les instances de la Horde pour sa mission. Il ne pourrait partager de tels éléments d'informations qu'avec ses collaborateurs les plus proches... Les trolls comprirent le message mais maintinrent leur refus. Des tractations et marchandages furent abordés mais n'aboutirent pas.

Finalement les trolls planifièrent d'épier Yannos et son équipe et d'éventuellement débuter une filature pour trouver des entrées secrètes du palais.

Ayant décidé d'épier les activités de Yannos en espérant qu'il ait une piste intéressante, les trolls pistèrent l'équipe de l'elfe jusqu'à une plage enclavée de rochers. Yannos avait visiblement constituée une équipe restreinte et ils étaient en train de piocher et fouiller près de ce qui semblait être une cavité dans un mur d'enceinte. Incertains quant à ce qui se trouvait là, les Héritiers attendirent sous la pluie dans leur cachette, et Rok'hen Zula tenta d'appeler l'aide des enfants de Jani pour se faufiler jusqu'au mur brisé.


Cependant, peu de temps après, des exclamations de joie et des mouvements d'euphorie agitèrent les elfes : il était impossible d'entendre ce qu'ils avaient découvert mais ils en avaient l'air satisfait et quittèrent la plage, abandonnant ce qui n'avait pas d'intérêt.

Le groupe se glissa jusqu'au site de fouilles pour découvrir émergeant une lance mogu et les ossements ensevelis par les marées d'un navrecorne. Un coffret de facture trolle ouvert de force avait été laissé vide de son contenu, mais les trolls retrouvèrent d'autres objets abimés de moindre importance alentour : une poupée en forme d'un léopard des neiges et quelques ustensiles trolls. La lance mogu avait été plantée dans la carcasse du navrecorne, ce qui semblait indiqué que les trolls avaient tenté de déserter mais s'étaient faits rattraper par les mogus avant de pouvoir fuir l'île.


Alors que le groupe se décidait à essayer de pénétrer dans la cavité du mur, une puissante explosion ébranla l'intérieur, sonnant et propulsant tout le monde sur la plage. Chacun tentant de retrouver ses esprits, certains plus amochés que d'autres, de l'épaisse fumée de poussière retombante émergea un mort-vivant qui s'étonna de trouver des trolls à la place des elfes.

Oublié par les deux elfes tout à la joie de la découverte, le Réprouvé avait essayé de détruite les pièges du tunnel, en vain, se plaignant des plans difficiles à décrypter et du manque de rigueur de son employeur. Le sang d'Acrae et Rok'hen ne fit qu'un tour : les trollesses se jetèrent sur le mort-vivant pour "l'alléger" de son précieux parchemin.

Les Pandarens refusèrent catégoriquement toute entrée dans l'enceinte de l'ancien palais de Lei Shen, pour des raisons de sécurité. Surtout à des trolls errants, non-mandatés officiellement par la Horde. Et encore moins pour y pratiquer des rituels funèbres. Le peuple pandaren avait toujours géré la menace mogu de la même manière : confinement et surveillance. Le Val de l'éternel printemps lui-même avait été scellé pendant des millénaires et seuls quelques rares élus du Lotus doré avaient reçu la charge de le protéger. Il en serait de même pour ce palais damné où Lei Shen usât jadis de pouvoirs dangereux.

Les plans récupérés des mains de l'acolyte de Yannos furent donc précieusement dissimulés et examinés par le groupe. Ils laissaient entrevoir l’entremêlât de dédales et couloirs sous-terrains reliant diverses constructions autour du palais. La plupart étaient signalés comme obstrués (que ce fût à cause de l'écroulement en dessous du niveau de l'eau lors de la Grande Fracture ou par sabotage de l'assaut pandashan) ou même scellés magiquement.

C'est l'un de ces derniers qui retint l'attention : Yannos l'avait entouré avec une note supplémentaire "danger, bêtes". Il se trouvait dans les montagnes sur le flanc ouest de l'île et du palais. Quelques bêtes sauvages n'effrayaient pas les Héritiers. Il n'y avait aucune garantie que l'accès puisse être ouvert depuis l'extérieur, mais ça valait la peine d'essayer.

Aussi les trolls se frayèrent un chemin à travers les marécages de l'île jusqu'à une portion de muraille extérieure effondrée, donnant accès à une zone visiblement précédemment occupée par les trolls alliés aux mogu. L'endroit était maintenant revendiqué par d'anciennes bêtes domptées redevenues libres et sauvages. Les Héritiers passèrent sans geste brusque non loin de raptors se disputant des charognes, mais en progressant ils constatèrent que la direction de leur objectif était située sur un terrain habité par d'imposants navrecornes.


Les bêtes ne furent pas agressives, malgré les signes témoignant de leur agacement à voir des trolls s'introduire sur leur territoire. Les Héritiers atteignaient une lourde porte métallique close et sans poignée visible, comme taillée dans la roche près d'une petite cascade. C'est à ce moment-là qu'un jeune navrecorne, sans doute né de l'année au vu de sa taille, curieux, découvrit les trolls et commença à s'approcher d'eux. Les Héritiers firent de leur mieux pour ne pas l'effrayer, tout en l'incitant à ne pas rester là et retourner auprès de sa harde.


Kazo'ju inspecta la porte pour en percer le secret, mais le temps commença à manquer quand un navrecorne mâle immense, alerté par le jeune navrecorne, chargea en direction du groupe. La bête les menaça en frappant la terre de sa lourde queue épineuse : il était maintenant certain que les trolls n'étaient plus du tout autorisés à s'immiscer plus longtemps dans le territoire dont il était le garant. Ses nombreuses cicatrices et blessures témoignaient de son passé où il avait sans doute servi de monture de combat pour des Zandalari sur l'île, et peut-être de combat contre d'autres mâles, dont il était ressorti victorieux.  

Les trolls tentèrent de gagner du temps, mais le navrecorne n'avait rien à voir avec Voyembi. Ses années d'expérience du combat et des trolls, aussi bien que sa prodigieuse taille rendirent les efforts conjugués des Héritiers presque dérisoires à son encontre. Sala'jin n'eut d'autre recours que tenter d'utiliser le masque de lieur d'esprit zandalari qui avait été découvert dans le campement près de la plage. Aussitôt posé sur son visage à la place de son masque gurubashi habituel, le mojo et le pouvoir contenus dans l'objet firent s'interrompre les assauts du puissant navrecorne. L'animal continuait à mugir et à tenter d'impressionner et faire détaler les trolls, mais il n'osait plus aller au contact direct.

Profitant de la diversion que ses collègues lui offraient, Kazo'ju fit appel à l'esprit mogu enfermé dans une sphère qu'il avait précédemment récupéré. Au bout d'une longue incantation silencieuse, il parvint à canaliser la magie dans le portail et en dévoiler l'accès. Aussitôt fait, les trolls se dépêchèrent à l'intérieur, à l'abri de la rage du navrecorne trop imposant pour pouvoir les poursuivre.


Ce n'est qu'une fois l'adrénaline retombée et la précipitation passée, dans l'obscurité du couloir, qu'ils se rendirent compte que Sala'jin avait crié en retirant et jetant vivement le masque enchanté. Le troll pris de vertige affirmait avoir entendu une voix désagréable susurrant à son oreille. Sans attendre davantage, Vanhem leva sa masse colossale et l’abattit sur l'objet tombé plus loin pour le briser. Dans sa destruction, l'onde de pouvoir contenue, et maintenant libérée, déferla dans le couloir où le groupe était réfugié, comme une tornade magique violente. La tension de l'air lui-même sembla s'alourdir, faisant plier les trolls tandis que la voix murmurait des paroles mêlant colère, détresse, rancoeur et triomphe.

Tentant de calmer l'esprit, ou du moins d'en apaiser les effluves magiques brutes, les trolls se rendirent compte qu'il s'agissait d'un loa, ou d'un fragment de loa, mais tout de même redoutable, qui avait été emprisonné de force dans l'objet. Les Héritiers firent montre d'humilité et de repentir, expliquant ne pas avoir voulu utiliser son pouvoir contre son gré, et arguèrent l'avoir libéré. Le courroux du loa finit par s'atténuer, dédaignant bien vite les trolls devant lui en vue de retrouver sa liberté pleine et entière, loin de cette île maudite. Il confia toutefois dans une dernière rafale de magie qu'il craignait que l’orgueil et la folie des Zandalari les ait conduit à soumettre et enfermer d'autres esprits en ces lieux.

Nous avons progressé dans le couloir sombre, éclairé par la faible lueur de la lampe magique elfique apportée par Sala’jin. Une succession de boyaux humides qui s’avéra être d’anciennes galeries minières. Certains instruments d’extraction avaient été laissés sur place, des cages servant probablement à contenir les esclaves et des bassins d’eaux permettant le premier tri et le nettoyage des minerais bruts. Pour ne pas nous perdre, nous marquions chaque embranchement, évoluant dans une direction difficile à juger sous terre, au rythme de l’écho des gouttes et du clapotis d’infiltration d’eau. Certains passages étaient obstrués ou immergés.


Mais c’est en débouchant au bout d’un tunnel sur une vaste salle pestilentielle que nous l’entendîmes pour la première fois. Le grattement du plafond qui indiquait que quelque chose se déplaçait dans les ombres rocheuses loin au-dessus.