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 Vol'jin : les ombres de la Horde

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MessageSujet: Vol'jin : les ombres de la Horde   Vol'jin : les ombres de la Horde Icon_minitimeVen 11 Mai 2018 - 16:28

Les textes ci-dessous sont des passages du livre Vol'jin : les ombres de la Horde, écrit par Michael Stackpole et paru en France le 3 juillet 2013. L'ensemble du contenu présenté ici est la propriété de Blizzard Entertainment. Les extraits ci-dessous se concentrent exclusivement sur ce qui a rapport à Vol'jin et aux trolls en général, le reste est occulté.

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Ce livre relate les aventures de Vol'jin, qui suivent directement les évènements de la mise à jour de Mist of Pandaria 5.1 : Débarquement, lorsque Garrosh Hurlenfer entreprend de conquérir la Pandarie et de s'approprier de puissantes armes magiques pour renforcer les armées de la Horde.

Vous pouvez vivre ces évènements en jeu, en débutant la suite de quêtes données par le Marche-soleil Dezco au Val de l'éternel printemps en Pandarie, qui mènent au scénario Une dague dans la nuit.

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Néanmoins, pas d’inquiétude si vous ne les avez pas fait : les premiers paragraphes du livre résument ce qui s'est passé en jeu.

Bonne lecture !
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MessageSujet: Vol'jin : les ombres de la Horde   Vol'jin : les ombres de la Horde Icon_minitimeVen 11 Mai 2018 - 16:50

Prologue ou comment on en est arrivés là


Citation :
La troupe avait atteint son objectif beaucoup trop vite au goût de Vol'jin. Rak'gor Rasoir-Sanglant, un orc fidèle à Garrosh, et deux sbires étaient partis en reconnaissance à dos de wyverne, mais le troll n'en remarqua aucun signe lorsque le groupe atteignit la caverne. De gros lézards vaguement humanoïdes en gardaient l'entrée. Les aventuriers s'en débarrassèrent et s'apprêtèrent à s'enfoncer dans la grotte obscure.

Des chauves-souris noires jaillirent de la cavité en poussant des cris aigus. Vol'jin entendit à peine leurs hurlements... Mais selon lui, il y avait peu de chances que les autres perçoivent plus que leurs battements d'ailes. Hir'eek, un des loas, avait la forme d'une chauve-souris. Un avertissement des dieux disant qu'il faut pas aller plus loin, ça pourrait être ça ?

Le loa ne répondit pas, alors le Sombrelance ouvrit la marche. Un sentiment glacé de corruption se renforça tandis qu'ils avançaient. Vol'jin s'arrêta et s'accroupit en retirant un gant. Il ramassa une poignée de terre humide et l'approcha de son nez : l'odeur légèrement âcre de végétaux pourris mêlée à la puanteur aigre du guano de chauve-souris, or il sentit autre chose. Des sauroks, assurément, mais pas seulement, c'était indéniable.

Il bloqua sa respiration et baissa les paupières. Il commença à refermer la main, puis fit glisser la terre entre ses doigts en s'aidant du pouce. Quand il en eut terminé, il rouvrit la main et tendit le bras. Aussi légère qu'une toile d'araignée, avec l'aspect éthéré de la fumée d'une bougie que l'on vient de souffler, la magie résiduelle effleura sa paume. Et la piqua telles des orties. Un sale endroit, y'a pas à dire.

Les yeux à présent bien ouverts, Vol'jin emprunta la vieille galerie qui s'enfonçait dans les cavernes. Ils arrivèrent à un embranchement, sécurisé par les orcs. Le troll, la main encore tendue, n'eut pas besoin d'effectuer le moindre geste pour trouver des indices. La soie d'araignée avait maintenant l'allure d'un filament, et menaçait de se transformer en une cordelette, voire une corde. Chaque fil s'accompagnait de minuscules aiguilles. La douleur n'empira pas, mais la marque sur sa paume s'élargit.

Lorsque le phénomène magique eut la largeur d'une solide amarre, ils découvrirent une vaste pièce occupée par le plus gros saurok qui leur ait été donné de voir. Un lac souterrain fumant dominait le centre de la caverne. Des centaines, peut-être des milliers d'oeufs de saurok s'y entassaient, se développant au chaud.

Vol'jin leva la main pour que les autres s'arrêtent. Une colonie au cœur de la magie.

Le saurok les aperçut et passa à l'attaque avant même que Vol'jin n'ait eu le temps de saisir la gravité de la situation. Le saurok batailla ferme lui aussi, et même si la compagnie l'emporta, chacun s'en sortit couvert de plaies sanguinolentes. Pendant que ses alliés pansaient leurs blessures, Vol'jin ne put s'empêcher de poursuivre son exploration.

Il écarta les bras et pataugea dans le lac peu profond en silence. Il ferma les yeux et se mit à tournoyer lentement. Les cordons de magie invisibles s'accrochaient à ses bras comme des liens et s'enroulèrent tout autour de lui. Enveloppé dans les filaments, sentant leur caresse brûlante, il comprit l'endroit comme seul un chasseur des ombres pouvait le faire.

Des esprits hurlaient d'une douleur ancestrale. L'essence de saurok explosa en lui, se glissa dans ses entrailles comme la vipère qui s'étaient jadis tortillée sur le sol de pierre froide. Ce serpent était fidèle à lui-même, de nature et d'esprit. Puis la magie l'avait frappé. Une magie effroyable. Une magie comparable à un volcan là où la plupart des mages ne manipulaient que des braises. Elle jaillit au travers du serpent, transperça son esprit doré de mille pointes noires, qui se détachèrent ensuite ici et là, de bas en haut, de l'intérieur vers l'extérieur, du passé à l'avenir, de la vérité au mensonge.

Dans son esprit, Vol'jin vit les pointes tirées et tirées encore, étirer l'or telles des cordes tendues. Soudain elles implosèrent, entraînant les traits dorés avec elles, pour tisser un écheveau arcanique. Les filaments se tortillèrent et s'emmêlèrent. Certains cédèrent. D'autres furent épissés et gratifiés de nouvelles extrémités. La vipère n'arrêtait plus de pousser des cris aigus. Elle s'était métamorphosée, donnant forme à une créature rendue à demi folle par l'expérience, malléable et docile entre les mains de ses créateurs.
Elle était loin d'être seule.

Le nom saurok lui revint à l'esprit... il n'existait pas avant ce premier acte sauvage de création. Les noms ont un pouvoir, et ce nom définissait les nouvelles créatures. Il définissait aussi leurs maîtres, et leva le voile sur la magie utilisée. Les mogu avaient créé les sauroks. Les mogu que Vol'jin imaginait comme de vagues fantômes issus de légendes obscures. Ils manipulaient une magie capable de remodeler entièrement une chose remontait à l'aube des temps, au début de tout. Les Titans, les façonneurs d'Azeroth, s'étaient servis de cette magie même durant leurs actes de genèse. L'incroyable pouvoir d'une telle sorcellerie était inaccessible à tout esprit sain, et encore moins maîtrisé, ce qui ne l'empêchait pas d'alimenter les folles lubies de certains.

En assistant à la création des sauroks, Vol'jin saisit l'essence de la magie. Entrapercevant un semblant de voie, il comprit comment en poursuivre l'étude. Le chasseur des ombres se reprit. En songeant à cela, il tombait dans le piège qui s'était certainement refermé sur les mogu. La magie d'immortels ne pouvait que corrompre les mortels. Il n'existait aucun moyen d'y échapper. Cette corruption détruirait son utilisateur. Et probablement tout son peuple.
Vol'jin avait rouvert les yeux et découvert que Rak'gor se tenait parmi les survivants du groupe.

- T'as mis le temps.
- Le chef de guerre a appris que les mogu et ces créatures sont liées.
- Ces mogu, c'est leurs créateurs. Il y a une sale magie noire qui plane par ici. Noire de chez noire.

L'orc lui adressa un large sourire bestial.

- Oui ! Le pouvoir de sculpter la chair, de créer des guerriers. C'est exactement ce que veut le chef de guerre.

Vol'jin eut une boule au ventre.

- Garrosh, il veut jouer les dieux ? Créer des monstres ? C'est pas pour ça que la Horde elle existe !
- Il ne s'attendait pas à ce que tu le soutiennes.

L'orc frappa violemment, sans la moindre retenue. Le poignard cueillit Vol'jin à la gorge et fit tourner le troll sur lui-même. Ses compagnons se jetèrent aussitôt dans la mêlée. Rak'gor et ses alliés s'acharnèrent au combat, sans se soucier de leur propre sécurité, et finirent par se faire tuer. Peut-être Garrosh les avait-il convaincus que cette nouvelle magie allait les ramener d'entre les morts et en faire des orcs plus forts que jamais.

Vol'jin se redressa en posant un genou à terre et fit signe à ses alliés de s'écarter. Il appuya la maion contre sa gorge pour colmater la plaie.

- Il s'est trahi, Garrosh. Dites-lui que je suis mort. Pas d'autre moyen de l'arrêter. Fichez le camp. Surveillez-le. Trouvez-en d'autres qui partagent mes opinions. Jurez-le sur votre tête. Pour la Horde. Soyez prêts quand je reviendrais.

Lorsqu'ils le laissèrent là, il pensait sincèrement leur avoir dit la vérité. Mais quand il tenta de se relever, il fut foudroyé par la douleur. Garrosh avait tout prévu. La lame de Rak'gor avait été enduite d'un poison délétère. Il ne guérissait pas comme il le faisait habituellement et sentait ses forces décliner. Il lutta néanmoins, lutta contre la brume qui planait sur son esprit.


Citation :
Vol'jin, chasseur des ombres de la tribu Sombrelance, n'aurait pas pu imaginer pire cauchemar. Il n'arrivait pas à bouger. Pas le moindre muscle, il ne pouvait même pas ouvrir les yeux. Ses membres étaient raides. Ce qui les retenait semblait aussi lourd qu'une chaîne d'ancre, plus solide que l'acier. Respirer le faisait souffrir, et il ne parvenait pas à inspirer profondément. Il avait d'ailleurs presque renoncé à produire un effort en ce sens, mais la douleur et la peur obsédante de ne plus y arriver le poussaient malgré tout à continuer. Tant qu'il redoutait de ne plus pouvoir respirer, c'est qu'il était en vie.

- Mais est-ce que je suis pas déjà six pieds sous terre ?
- Pas encore, fiston, pas encore.

Vol'jin reconnut tout de suite la voix de son père, même s'il savait que c'était une illusion de son esprit. Il tenta de tourner la tête dans sa direction, en vain. En revanche, ses sens prirent une nouvelle dimension. Il vit Sen'jin, son père, évoluant à ses côtés, sans marcher pour autant. Ils avançaient tous les deux mais Vol'jin ne savait pas comment, ni vers où.

- Si je suis pas mort, c'est que je suis vivant.

Une voix forte et grave se fit entendre de l'autre côté, sur sa gauche.

- Ça, ça reste encore à voir, Vol'jin.

Le troll reprit ses esprits pour se rapprocher de la voix. Une silhouette, rappelant celle d'un troll, redoutable, avec un visage qui lui évoquait un masque rush'kah, le fixait d'un regard impitoyable. Bwonsamdi le loa, le gardien des morts des trolls, secoua lentement la tête.

- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi, Vol'jin ? Les sacrifices que j'attendais, tes Sombrelances ils me les ont pas offerts, alors que ton foyer, je t'ai aidé à le libérer de Zalazane. Et voilà que tu t'accroches à la vie alors que c'est à moi que tu devrais t'en remettre. Je t'ai malmené, c'est ça ? Je suis indigne de ton adoration ?

Vol'jin voulut désespérément serrer les poings, mais ses mains restèrent molles et faibles au bout de ses bras inertes.

- J'ai des trucs à faire.

Le loa fut pris d'un rire qui écorcha l'âme de Vol'jin.

- Écoute voir ton fils, Sen'jin. Je lui dis que son heure est venue, et voilà qu'il fait encore passer ses petites envies avant le reste. Comment t'as pu élever un fils aussi contrariant ?

Le rire de Sen'jin eut l'air d'une brume fraiche et apaisante qui vint caresser les chairs à vif de Vol'jin.

- Les loas respectent la force, c'est ça que je lui ai appris. Il ne t'a pas fait assez de sacrifices, et tu t'en es plaint. Et maintenant qu'il demande du temps pour t'en faire de plus grands, tu te plains encore. Je suis si ennuyeux que ça ? C'est pour ça que tu as besoin de mon fils pour t'amuser ?

- Alors tu crois que c'est pour me servir qu'il s'obstine à vivre ?

Vol'jin sentit son père sourire.

- Des raisons, mon fils il en a sans doute beaucoup, Bwonsamdi, mais savoir qu'il sert tes desseins, ça devrait te suffire.
- T'es en train de me dire ce que je dois faire, Sen'jin ?
- Je te rappelle juste ce que tu nous a toujours dit de faire pour toi, grand esprit.

Une douce vague de rires lointains parvint aux oreilles de Vol'jin. D'autres loas. Le ton haut perché de l'un et le grondement sourd de l'autre lui firent comprendre que Hir'eek et Shirvallah s'amusaient de l'échange. Vol'jin en tira un certain bonheur, en sachant qu'il allait en subir les conséquences.
Bwonsamdi poussa un grondement guttural.

- Si t'avais laissé tomber trop facilement, j'aurais pas voulu de toi, Vol'jin. Je t'aurais pas pris pour un de mes enfants. Mais sache ceci, chasseur des ombres : le combat que tu mènes, il est plus terrible que tous ceux que t'as connus jusqu'ici. Tu regretteras de pas avoir cédé, car le poids de ta victoire, il te réduira en poussière.

La présence de Bwonsamdi s'évanouit aussitôt. Vol'jin chercha l'esprit de son père. Il le trouva tout près, mais il disparaissait lui aussi.


Citation :
Lorsqu'il reprit conscience, Vol'jin était frais et gaillard, maître de tous ses membres, et se tenait bien droit. Un soleil de plomb régnait sur la cour où quelques milliers de trolls étaient présents. Ils avaient près d'une tête de plus que lui, mais nul ne semblait y faire attention. En fait, nul ne semblait le remarquer.
Un autre songe. Une vision.

Il ne reconnut pas l'endroit tout de suite, mais il eut le sentiment d'y être déjà venu. Du moins, plus tard, car la ville n'avait pas encore subi les assauts de la jungle. Les ciselures couvrant les murs de pierre étaient parfaitement nettes, les arches intactes, tout comme les pavés, qui n'avaient pas encore été volés. Et la pyramide à étages, située derrière eux, ne portait pas encore les ravages humiliants du temps.

Il se trouvait au beau milieu d'une foule de Zandalari, des membres de la tribu dont toute les autres étaient issues. Au fil des ans, ils étaient devenus plus grands que leurs congénères, avaient acquis un statut à part. Dans cette vision, ils ressemblaient moins à une tribu qu'à une caste de prêtres, puissants et cultivés, totalement aptes à mener.

Mais du temps de Vol'jin, leurs facultés de commandement avaient décliné. Parce que leurs rêves étaient pris au piège ici.

C'était l'Empire zandalari à son apogée. Il dominait jadis Azeroth, mais fut victime de son propre pouvoir. La cupidité et l'avarice entrainèrent leur lot de machinations, puis l'apparition de factions. Par la suite, de nouveaux empires naquirent, comme l'Empire gurubashi, qui provoqua l'exil des trolls sombrelances de Vol'jin. Avant de s'effondrer lui aussi.

Les Zandalari rêvaient d'un retour à l'époque où ils prédominaient, une époque où les trolls constituaient une race des plus nobles. Unis, ces derniers avaient connu un âge d'or comme Garrosh lui-même n'aurait pu en rêver.

Vol'jin évoluait dans la foule à l'image d'un spectre. Les visages des Zadalari s'illuminaient de sourires épouvantables... de ceux que l'on apercevait lorsque les tambours sonnaient l'appel aux armes. Les trolls étaient faits pour éviscérer et tuer... Azeroth étaient leur monde, et tous ses habitants sujets à leur domination. En dépit de son désaccord avec tous ses congénères quant à l'identité de leurs ennemis, Vol'jin n'en montrait pas moins une grande férocité au combat, et était très fier que les Sombrelances aient maté leurs adversaires et libéré les îles de Écho.

Bon, Bwonsamdi, il se paye ma tête avec cette vision.

Les Zandalari rêvaient d'un empire et Vol'jin voulait seulement le bien de son peuple. La différence ne lui échappait pas. S'il était simple de massacrer ses adversaires, il était beaucoup plus compliqué de se bâtir un avenir. Pour un loa qui aimait ses sacrifices sanguinolents et estropiés à souhait, la vision de Vol'jin ne présentait pas d'attrait particulier.

Vol'jin entama l'ascension de la pyramide et les choses lui parurent progressivement plus concrètes. Alors qu'il était dans un monde silencieux jusque-là, il sentait maintenant le vrombissement des tambours dans la pierre. La brise caressa sa fourrure claire, ébouriffa ses cheveux. Elle charriait un doux parfum de fleur... un parfum légèrement plus âcre que celui du sang versé.

Les martèlements redoublèrent en lui. Son cœur battait en cadence. Des voix lui parvinrent aux oreilles. Des cris issus de plus bas, et des ordres d'en haut. Il se refusa à faire demi-tour, mais cessa de grimper. Il avait l'impression de pouvoir parcourir le temps aussi facilement que s'il remontait à la surface d'un lac. En se rendant jusqu'au sommet, il rejoindrait les Zandalari et partagerait leurs impressions. Il prendrait la mesure de leur fierté, respirerait dans leurs rêves.
Il ne ferait plus qu'un avec eux.
Il n'allait pas s'offrir ce luxe.

Le rêve qu'il caressait pour les Sombrelances n'avait sans doute pas réjoui Bwonsamdi, mais il avait sauvé sa tribu. L'Azeroth qu'avaient connue les Zandalari avait totalement et irrémédiablement changé. Des portails s'étaient ouverts. De nouvelles peuplades étaient arrivées. Des terres avaient été éventrées, des races transformées, et une puissance supérieure à celle que les Zandalari imaginaient possible avait été libérée. Les races disparates (les elfes, les humains, les trolls, les orcs et même les gobelins, parmi tant d'autres) s'étaient unies pour vaincre Aile de mort, donnant naissance à une répartition des pouvoirs qui révoltait et répugnait les Zandalari ; des Zandalari qui désiraient ardemment rétablir leur règne sur un monde qui avait tant changé, que leurs rêves ne pourraient jamais devenir réalité.
Vol'jin se corrigea.
Faut jamais dire jamais.

La vision se transforma en une fraction de seconde. Il se tenait au sommet de la pyramide et regardait en bas les visages des Sombrelances. Ses Sombrelances. Ils se fiaient à sa connaissance du monde. Il suffirait qu'il leur dise qu'ils pouvaient recouvrer la gloire qui était leur jadis pour qu'ils le suivent. Il suffirait qu'il leur ordonne de prendre Strangleronce ou Durotar pour qu'ils s’exécutent. Les Sombrelances jailliraient des îles, et asserviraient tout le monde sur leur passage, simplement parce qu'il le souhaitait.

Il pouvait le faire et voyait déjà comment s'y prendre. Il avait l'oreille de Thrall, qui lui avait fait confiance en matière d'affaires militaires. Il était capable de passer ses mois de convalescence à planifier ses campagnes et à mettre au point sa stratégie. Un ou deux ans après son retour de Pandarie (sous réserve qu'il y reste), la bannière sombrelance serait maculée de sang et plus crainte que jamais.

- Et c'est quoi que j'y gagnerais ?
- J'en serais vraiment content.

Vol'jin pivota. La silhouette titanesque de Bwonsamdi se tenait au-dessus de lui, les oreilles dressées, s'efforçant de capter les cris étouffés venant de plus bas.

- C'est la paix que t'y gagnerais, Vol'jin, car tu répondrais à ta nature de troll.
- C'est donc ça le but qu'on a ?
- Les loas te demandent pas plus. A quoi bon ça servirait ?

Vol'jin chercha la réponse à cette question, et son regard finit par se perdre dans le vague.
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MessageSujet: Vol'jin : les ombres de la Horde   Vol'jin : les ombres de la Horde Icon_minitimeVen 11 Mai 2018 - 17:02

Convalescence, réflexions et vie au monastère


Citation :
Vol'jin, des trolls sombrelances, décida de ne pas bouger. Cela valait mieux que de reconnaître qu'il était trop faible pour le faire. Les mains qui s'occupaient de lui étaient douces et leur contact respectueux. Il n'aurait pu les repousser même s'il l'avait souhaité de tout son cœur.

Le lit moelleux, et les oreillers qui l'étaient plus encore, ne comptaient pas parmi les menus plaisirs dont jouissaient habituellement les trolls. Sur les îles de l’Écho, une simple paillasse posée à même le plancher était le comble de l'opulence. Nombre d'entre eux dormaient à la belle étoile et ne s'abritaient que lorsque l'orage menaçait. Le sable mou constituait un meilleur lit que la roche de Durotar, mais les trolls se plaignaient rarement de la rigueur de leur habitat.

Cette insistance sur le moelleux et le confort l'agaçait car elle soulignait sa faiblesse. Son esprit rationnel ne pouvait nier qu'un bon lit permettait à son corps meurtri de remuer beaucoup plus facilement. Il dormait sans doute un peu mieux. Mais en lui rappelant la fragilité de sa santé, cela remettait en cause sa nature de troll. Les trolls étaient aux épreuves et à la dure réalité ce que les requins étaient au grand large.

M'enlever ça, c'est me tuer.


Citation :
La voix chaude et grave de Chen Brune d'Orage lui parvint dans un souffle.

- J'aurais préféré te rendre visite plus tôt, mais le seigneur Taran Zhu ne trouvait pas cela très avisé.

Vol'jin voulut répondre. Il avait mille chose à dire, mais les paroles sortirent difficilement de sa gorge.

- Ami. Chen.

Le second mot vint plus facilement, avec plus de douceur.

- Inutile de jouer aux devinettes avec toi. Tu es trop fort.

Un bruissement de robe se fit entendre.

- Si tu fermes les paupières, je retirerai les bandages autour de tes yeux. Les guérisseurs affirment que tes yeux n'ont pas été blessés, mais ils ne voulaient pas que tu t'inquiètes davantage.

Sachant que Chen n'avait pas complètement tort, Vol'jin acquiesça. Si on lui avait amené un étranger sur les îles de l’Écho, il lui aurait également bandé les yeux en attendant de voir s'il pouvait lui faire confiance. Taran Zhu avait sans doute eu le même raisonnement.

- Je suis persuadé qu'il y a beaucoup de choses que tu aimerais savoir. Je t'ai sorti d'un petit cours d'eau, loin d'ici, au village de Binan. Nous avons fait ce que nous avons pu sur place. Tu n'étais pas mourant, mais tu ne guérissais pas. On aurait dit qu'il y avait du poison sur la lame qui t'a blessé à la forge. Je t'ai amené ici, au monastère des Pandashan, au sommet de Kun-Lai. Si quelqu'un pouvait t'aider, c'était bien les moines. J'ai du mal à croire que les troupes de l'Alliance aient pu t'affliger cette blessure.
- Horde.


Citation :
Vol'jin : les ombres de la Horde Voljin10

Je t'ai sorti d'un petit cours d'eau, loin d'ici, au village de Binan. Nous avons fait ce que nous avons pu sur place. Tu n'étais pas mourant, mais tu ne guérissais pas.


Vol'jin ressentit une boule au ventre. Ce n'était pas vraiment la Horde, mais Garrosh. La gorge serrée, il ne put prononcer son nom. Son impuissance lui laissa cependant un arrière-goût amer dans la bouche.

- C'est pourquoi je t'ai amené ici. Je n'avais pas d'autre choix pour te soigner, mais ta sécurité... Garrosh est à la tête de la Horde maintenant que Thrall est parti, n'est-ce pas ? Il élimine ses rivaux.

Vol'jin se renfonça dans les oreillers.

- Pas. Sans. Raison.

Chen gloussa. Vol'jin eut beau chercher, il ne sentit aucun signe de reproche.

- Il n'y a pas une âme de l'Alliance qui ne se soit endormie sans faire un cauchemar dans lequel tu apparaissais. Pas étonnant que certains dans la Horde fassent le même genre de rêve.
- Jamais, toi ?
- Moi ? Non, jamais. Les gens comme moi et Rexxar ont été témoins de ta férocité au combat. Nous t'avons aussi vu pleurer ton père. Tu as été fidèle à Thrall, à la Horde et à la tribu Sombrelance. Ceux qui ne peuvent être loyaux n'en croient pas les autres capables.

Chen se pencha et baissa la voix.

- Le seigneur Taran Zhu souhaite que tu en apprennes davantage sur nous. Enfin, pas vraiment sur moi. La plupart des pandarens d'ici voient leurs congénères qui ont grandi sur Shen Zin Su comme des « chiens sauvages ». On leur ressemble, on parle comme eux, on a la même odeur, mais on est différents. Il ne savent pas bien ce qu'on est. Au début, cela m'a laissé perplexe, et puis j'ai fini par me dire qu'un certain nombre de trolls perçoit les Sombrelances de la même façon.
- Pas. Faux.
- Le seigneur Taran Zhu a accepté que tu restes ici le temps de récupérer. Mais à certaines conditions. Il désire comprendre pourquoi tu es différent. Mais pour lui, cela signifie que tu apprennes les manières pandarènes. Certains de nos mots et de nos coutumes. Il ne veut pas que tu te comportes comme ces trolls qui se rendent aux Pitons-du-Tonnerre pour devenir des taurens bleus. Il souhaite que tu comprennes pleinement.
- Et ?
- Eh bien... Un mois environ avant que je te trouve, j'ai découvert un homme errant, grièvement blessé, aux jambes brisées en menus morceaux. Et je l'ai amené ici, lui aussi.

Vol'jin ravala sa colère, ainsi que sa frustration. Le seigneur Taran Zhu voulait non seulement l'étudier, mais aussi étudier ses relations avec un homme. Vol'jin aurait facilement pu lui raconter la longue histoire des hommes et des trolls, et lui décrire en détail la haine qu'ils se vouaient. Il avait tué plus d'hommes qu'il ne pouvait en compter. Cela ne l'empêchait pas de dormir, bien au contraire. Et il était prêt à parier que l'homme du monastère en pensait autant.


Citation :
Que ce soit grâce à la bière de Chen, à sa constitution de troll, à l'air pur des montagnes, aux soins des moines ou à tout cela réuni, l'état de Vol'jin s'améliora sensiblement en quelques semaines. Chaque jour, quand il rejoignait les rangs des moines, il s'inclinait devant leur professeur, puis levait les yeux vers la fenêtre d'où il avait pris l'habitude de les observer.

Les moines, qui l'acceptèrent sans histoire ni problème, l'appelaient Vol'jian. Certes, cela sonnait mieux dans leur langue, mais il savait que ce n'était pas la seule raison. Chen lui expliqua que « jian » avait plusieurs significations, toutes axées sur la notion de grandeur. Au début, les moines l'utilisèrent pour décrire sa balourdise, et, par la suite, pour exprimer la vitesse à laquelle il apprenait.

Si les Pandashan n'avaient pas réellement eu l'envie de lui enseigner, il n'aurait pas accepté leur manque de respect. C'était un chasseur des ombres. Aussi grands soient leurs talents, pas un moine ne pouvait imaginer par où il en était passé pour obtenir ce statut. Eux combattaient pour incarner l'équilibre, mais un chasseur des ombres se devait de maîtriser le chaos.

Ses forces lui revenaient et son corps regagnait lentement ses capacités de régénération, lui permettant de bien supporter coupures et bleus.

Les moines lui prodiguaient un enseignement de qualité. Il en avait vu certains briser jusqu'à douze planches d'un seul coup de poing et était pressé de s'y essayer, car il s'en savait capable lui aussi. Mais lorsque vint l'heure de passer à l'exercice, le seigneur Taran Zhu prit les choses en main. Les planches avaient été remplacées par une plaque de pierre de deux ou trois centimètres d'épaisseur.

Il se fiche de moi ? Vol'jin scruta le visage du moine, mais n'y vit aucun subterfuge. Ce qui ne signifiait pas qu'il n'y en avait pas, mais l'expression impassible du pandaren pouvait cacher n'importe quoi.

- Vous voulez que je pète la pierre. Les autres, ils cassent du bois.
- Les autres ne se croient pas capables de casse du bois. Toi, si. Laisse tes doutes ici. Frappe au travers.

Taran Zhu désigna un point imaginaire situé à une dizaine de centimètres sous la pierre.

Mes doutes ? Vol'jin chassa vite cette pensée, car ce n'était qu'une source de distraction. Il voulait les ignorer, mais fit ce que le moine lui avait demandé. Il visualisa ses doutes, qui prirent la forme d'une sphère bleu-noir étincelante et crépitant d'étincelles. Il la laissa passer au travers de la pierre jusqu'à ce qu'elle plane juste en dessous.

Puis Vol'jin se concentra, prit une profonde inspiration et se vida les poumons brutalement. Il frappa du poing et pulvérisa la pierre, poursuivit son geste et brisa cette sphère de doutes. Il resta convaincu de ne pas avoir senti l'impact avant de toucher le globe. La pierre lui avait paru inexistante, même s'il avait ensuite frotté sa main plein de poussière.

Taran Zhu s'inclina respectueusement devant lui. Les autres moines s'inclinèrent devant leur seigneur qui s'en allait, puis le saluèrent lui aussi. Vol'jin les imita à son tour et remarqua par la suite que leur accent sur « jian » avait encore changé.


Citation :
Plus tard dans la soirée, alors qu'il était adossé au mur de pierre froide de sa cellule au monastère, Vol'jin comprit en partie ce qu'il avait appris.

Zalazane lui revint à l'esprit, non pas en vision, mais dans une série de souvenirs. Le doute avait détruit son âme. Ils avaient grandi ensemble et étaient devenus les meilleurs amis du monde.

Comme Sen'jin, le chef des Sombrelances, était son père, Vol'jin avait toujours été considéré comme le meilleur des deux, mais il n'en croyait rien lui-même. Et Zalazane le savait lui aussi... Ils en avaient souvent parlé, en riant de l'ignorance de ceux qui en voyaient un comme un héros, et l'autre comme un compagnon de second plan. Pendant que Vol'jin s'efforçait de rejoindre les chasseurs des ombres, Zalazane était devenu féticheur auprès de maître Gadrin. Sen'jin lui-même avait encouragé Zalazane. Certains Sombrelances pensaient que Zalazane était formé pour prendre la suite de Sen'jin, et que Vol'jin était destiné à de plus grandes choses.

Mais là encore, les gens se trompèrent, car tous deux croyaient au rêve de Sen'jin, qui voulait une terre pour les Sombrelances. Un endroit où ils pourraient vivre sans crainte, sans ennemis sur les talons. Et même la mort de Sen'jin aux mains palmées des murlocs ne pouvait anéantir ce rêve.

Le doute avait fini par se frayer un chemin dans l'esprit de Zalazane. Peut-être était-ce l'idée que Sen'jin, un puissant féticheur, pouvait mourir si facilement. Ou peut-être avait-il entendu une fois de trop que Vol'jin était un héros, et qu'il était le compagnon. C'était probablement quelque chose dont Vol'jin ne se doutait même pas, mais quelle qu'en soit la cause, Zalazane avait cédé à une inextinguible soif de pouvoir.

Ce pouvoir l'avait rendu fou. Zalazane avait asservi la plupart des Sombrelances, les réduisant à l'état de serviteurs décérébrés. Vol'jin s'était enfui avec certains pour revenir avec ses alliées de la Horde et libérer les îles de l’Écho. Il avait pris la tête des forces qui avaient tué Zalazane, senti son sang l'éclabousser, et entendu pousser son dernier râle. Il se plaisait à croire qu'au moment final, dans l'ultime étincelle qu'il avait vue dans ses yeux, son vieil ami avait retrouvé la raison et était heureux d'être libre.

Bon, ça a sûrement quelque chose à voir avec Garrosh. Exalté parce qu'il était le fils de son père, mais loin d'être révéré pour lui-même ou pour ses actions, Garrosh était craint par beaucoup. Il avait appris que faire peur constituait une arme efficace pour se faire obéir de ses sous-fifres. Mais tous ne tressaillaient pas au claquement du fouet.

Comme il pensait que sa position était due à la mémoire de son père comme à son mérite, il doutait. S'il s'estimait indigne, d'autres pouvaient partage son avis.
J'en avais, et je lui ai dit.

Le doute pouvait être dissimulé, et n'importe qui constituait un ennemi potentiel. La seule façon de les éliminer était de les conquérir. Néanmoins, toutes les conquêtes du monde ne pourraient réduire au silence cette voix dans sa tête qui disait : « Ouais, mais t'es pas ton paternel. »

Vol'jin s'allongea sur sa paillasse. Mon père avait un rêve. Il le partageait avec moi. Il en a fait mon héritage, et j'ai eu la chance de le comprendre. Grâce à ça, ce rêve, il peut se réaliser. Grâce à ça, la paix, je peux la trouver.
Il pensa à haute voix :

- Mais Garrosh, la paix, il la connaîtra jamais. Et si lui, il la connaît pas, personne la connaîtra.

Citation :
L'orage venu du sud s'accompagnait de vents mugissants, de nuages noirs et d'une neige cinglante qui tombait de biais. Le blizzard se leva brusquement. Le ciel s'assombrit, puis la tempête se mit à beugler comme si le monastère était attaqué par des démons.

Vol'jin ne savait quasiment rien du blizzard et ne paniqua pas. Les moines de haut rang ratissèrent le monastère et réunirent tous les habitants dans l'imposant réfectoire. Tout le monde y fut donc regroupé. Plus grand que les pandarens, Vol'jin vit facilement les moines compter les leurs. Chen fit remarquer :

- Tyrathan, l'humain, n'est pas là.

Vol'jin jeta un coup d'oeil vers le sommet de la montagne.

- Il aurait quand même pas mis le nez dehors en voyant cette tempête arriver.

Taran Zhu se tenait sur une estrade.

- Il y a une dépression là où il s'arrête souvent pour se reposer. Elle fait face au nord et est abritée. Il n'aurait pas pu savoir. Maître Brune d'Orage, remplissez un fût de votre « bon rétablissement ». Les première et seconde maisons vont lancer les recherches.

Vol'jin leva la tête.

- Et moi, je fais quoi ?
- Reprends tes corvées, Vol'jin. Il n'y a rien que tu puisses faire.
- Cette tempête, elle va le tuer.
- Elle te tuera toi aussi. Plus vite que lui. Tu ne sais rien, ou presque, des tempêtes de neige comme celle-ci. Tu es capable de briser la pierre, mais c'est la tempête qui te brisera. Elle te privera de ta chaleur et de tes forces. Nous serions obligés de te ramener avant même de l'avoir retrouvé.
- Je peux pas rester planté là à...
- … à ne rien faire ? Très bien, je vais t'occuper, te poser une question à laquelle tu devras réfléchir. Souhaites-tu agir pour sauver cet homme ou pour continuer de te prendre pour un héros ? J'espère que le nettoyage des parchemins aura bien avancé lorsque tu trouveras la réponse.

Vol'jin sentit la colère sourdre en lui, mais ne l'exprima pas. Le moine avait fait mouche à deux reprises. La tempête l'aurait tué. Elle aurait même pu venir à bout de lui au meilleur de sa forme. Les trolls sombrelances n'étaient pas réputés pour leur résistance au froid.

Mais le plus important, ce qui le touchait le plus, c'est que Taran Zhu avait parfaitement compris pourquoi il voulait se joindre à la mission de sauvetage. C'était moins par peur de ce qui pouvait arriver à Tyrathan Khort que pour lui-même. Il ne voulait pas être mis à l'écart alors que le danger nécessitait qu'on agisse.


Citation :
L'humain, encore affaibli, observa longuement Vol'jin.

- Parfois, il était aussi irritable que toi. C'est à ce moment-là qu'il leur parlait, mais il ne recevait pas de réponses.
- Et ta Lumière sacrée, elle te répond, chose-homme ?
- Ça fait belle lurette que je n'y crois plus.
- C'est pour ça qu'elle t'a abandonné.

Tyrathan s'esclaffa.

- Je sais pourquoi j'ai été abandonné. Pour la même raison que toi.

Vol'jin s'efforça de rester impassible, et sut, à ce moment-là, qu'il venait de se trahir. Les loas étaient distants et muets. C'était comme si la tempête qui s'était déchaînée sur le monastère faisait encore rage dans le royaume des esprits. Il distinguait Bwonsamdi, Hir'eek et Shirvallah, mais simplement sous les traits de silhouettes grises cachées par des rafales blanches.

Vol'jin croyaient encore aux loas, en leur autorité et leurs dons, en la nécessité de leur vouer un culte. Il était un chasseur des ombres. Il interprétait les traces aussi facilement que Tyrathan, et communiquait tout aussi aisément avec les loas. Mais dans la tempête, toutes formes d'empreintes disparaissaient et les vents tourbillonnants emportaient les mots.

Il avait essayé de les joindre. En fait, sa dernière tentative expliquait son retard. Vol'jin s'était détendu dans sa cellule, avait transcendé son environnement, mais n'avait pu franchir la barrière de la tempête. C'était comme si le froid, l'éloignement de son foyer, le distrayaient. Il n'arrivait pas à se concentrer pour passer et couvrir la distance qui le séparait des loas.
C'était comme si, dès qu'il avait renoncé à emporter Vol'jin, Bwonsamdi s'était désintéressé de lui.


Citation :
Cette nuit-là, alors que Vol'jin était allongé et avait quitté le monde éveillé pour celui des rêves, les loas prouvèrent qu'ils ne l'avaient pas totalement abandonné. Il comptait parmi le millier de chauves-souris qui s'élançait dans la nuit. Il n'était pas avec Hir'eek, mais lui devait certainement sa forme de chiroptère. Alors il volait avec les autres, lisait les échos de leurs cris, perçant l'obscurité dans un monde terne d'ultrasons.

Dans sa sagesse, Hir'eek emmena Vol'jin dans un autre endroit, en un autre temps. Les angles aigus des bâtiments de pierre montraient qu'il s'agissait de constructions récentes, et non de ruines. Il s'imagina avoir été ramené à l'époque où les Zandalari avaient accouché de nombreuses tribus trolles, où les trolls étaient à leur faîte. Les chauves-souris tournoyèrent, puis se perchèrent au sommet de tours encerclant une cour, où des légions de trolls ceinturaient une foule compacte de prisonniers aqir insectoïdes.

Des Amani, des trolls des forêts, tout juste rentrés de la guerre contre les aqir. Vol'jin connaissait bien l'histoire, mais soupçonnait Hir'eek de vouloir lui rappeler plus que les jours de gloire de l'Empire amani.

C'est précisément ce que fit la vision. De la pointe de leurs lances, les trolls poussaient les prisonniers vers des escaliers de pierre. Des acolytes hissaient les aqir au ventre nu sur des autels de pierre dégoulinant d'humeur. Puis le célébrant brandissait un poignard. La lame et la garde étaient gravées de symboles, un pour chacun des loas. Les ultrasons lui permirent d'imaginer le pommeau et d'y voir le visage d'Hir'eek une fraction de seconde avant que la lame ne s'abatte et n'éventre le sacrifié.

Puis là, au-dessus de l'autel, Hir'eek en personne se manifesta. L'esprit de l'aqir quitta le cadavre sous la forme d'une vapeur éthérée et le dieu chauve-souris l'aspira en lui. Grâce à de subtils mouvements de ses douces ailes, il en attira davantage à lui, se mit à briller vivement et les contours de sa silhouette s'éclaircirent.

Ce ne furent pas les ultrasons qui communiquèrent cela à Vol'jin. Il le vit avec son troisième œil... qu'il avait affiné, et auquel il avait appris à se fier comme chasseur des ombres. Hir'eek lui montrait la bonne façon de le vénérer, la véritable gloire et l'honneur dus aux loas.

Une voix résonna dans la tête de Vol'jin... une voix haut perchée. Tu t'es démené pour protéger les Sombrelances afin que les trolls, ils nous vénèrent. Ce travail, il t'a éloigné de nous. Ton corps, il guérit, mais ton âme, elle n'y arrive pas. Elle guérira pas, sauf si tu reviens sur la vraie voie. Abandonne ton histoire et le gouffre s'agrandit.

- Mais est-ce qu'en revenant, je le comblerai le fossé, Hir'eek ?

Vol'jin était assis et parlait dans le noir. Il attendit. Il écouta.
Aucune réponse ne lui parvint, et il pris cela pour un mauvais présage.
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MessageSujet: Vol'jin : les ombres de la Horde   Vol'jin : les ombres de la Horde Icon_minitimeVen 11 Mai 2018 - 17:50

Prémices d'invasion zandalari en Pandarie


Citation :
Kal'ak refusa d'abord de s'emmitoufler sous le manteau en peau de tigre, mais la chaleur qu'il lui procurait était la bienvenue. Bien que la tempête mugissante ait depuis longtemps cessé de marteler la palissade qui entourait le port de l'île du roi-tonnerre, sa peau exposée subissait les assauts de vents cinglants et de violentes bourrasques. À vrai dire, elle avait espéré avoir mangé suffisamment de viande de troll des glaces pour profiter de leur résistance au froid, mais ce n'était pas le cas.

Pas grave. Je préfère la viande de furie-des-sables.
L'environnement désertique lui donnait plus de goût. Cela ne lui servait pas à grand-chose par ici, dans le nord de la Pandarie, mais elle prenait son mal en patience.
Quand on reprendra Kalimdor.

L'heure viendrait. Elle le savait. Tous les Zandalari le savaient. Chaque tribu troll descendait de cette noble lignée et s'était corrompue en s'en éloignant. Il suffisait simplement d'observer leurs différences physiques pour le vérifier : elle était plus grande que tous les autres trolls qu'elle avait rencontré et qui n'étaient pas des Zandalari de pure souche. Leur culte des loas n'était qu'une plaisanterie comparée à son amour des esprits. Et bien que certains trolls conservent encore ces traditions (les chasseurs des ombres comptaient parmi ces rares exemples), leurs coutumes n'étaient pas les mêmes que celles des Zandalari.

Parfois, lors de ses voyages dans le monde, au service de Vilnak'dor, elle croyait voir un signe, l'étincelle, peut-être, des us anciens parmi les corrompus. Elle cherchait ceux qui revenaient aux coutumes d'antan, en vain la plupart du temps. Beaucoup affirmaient incarner l'héritage des Zandalari, comme si elle et sa tribu n'existaient plus. Bien souvent (toujours pour ainsi dire), ces sauveurs autoproclamés n'étaient que le résultat pathétique d'une société décadente.
Le fait qu'ils échouent si fréquemment ne l'étonnait plus.

Vilnak'dor était né parmi les Zandalari, au sein d'une longue lignée de trolls ancrée dans un savoir et des traditions fidèlement préservées et pratiquées au fil des millénaires. Elle ne s'était pas laissé distraire comme les autres. Elle n'estimait pas nécessaire de restaurer les empires amani et gurubashi pour les porter aux nues. À ses yeux, leur échec reflétait leur instabilité naturelle. Les rétablir revenait à aller au-devant de l'échec, aussi cherchait-elle plus loin dans l'histoire, pour ressusciter une alliance qui avait porté ses fruits.

Les mogu et les trolls s'étaient découverts des millénaires plus tôt, lorsqu'il n'existait que les Zandalari, lorsque la brume ne cachait pas encore la Pandarie. Ces deux races se rencontrèrent à un âge où seul un quart des terres actuelles était connu. Un lion en reconnaît un autre. Ce premier mogu et ce premier troll auraient dû s'entre-tuer, mais ils ne le firent pas. Ils comprirent qu'en livrant bataille, le survivant serait diminué, et risquait même de succomber face à des créatures beaucoup plus faibles que lui. Cela aurait été une tragédie qu'aucune des deux races ne voulait.

Dos à dos, les mogu et les trolls se taillèrent une place dans le monde. Mais au fil des événements et des défis que relevait chaque race, leur alliance fut oubliée. Les mogu disparurent en même temps que la Pandarie. Les trolls virent leur monde brisé. Et avec toutes ces races submergées de problèmes, le passé lointain fut relégué au rang de souvenir, totalement éclipsé par des catastrophes plus récentes.

Malgré toutes les marques de considérations à son égard, une certaine retenue lui prouvait aussi qu'ils se sentaient supérieurs, à elle et à ses trolls. Khal'ak réprima un sourire, car son entraînement lui aurait facilement permis de tuer n'importe lequel d'entre eux. Les mogu ne saisissaient pas la précarité de leur place dans cette alliance, ils ne savaient combien ils auraient été vulnérables si les Zandalari s'étaient mis en tête de les tuer.


Citation :
Cette nuit-là, le sommeil de Vol'jin fut troublé par une vision. Le troll en fut étonné. Depuis la visite d'Hir'eek, les loas l'ignoraient, et il faisait mine de les ignorer lui aussi. Il avait compris qu'en les contactant avant de savoir qui il était, il ne faisait que singer qui il avait été. Vol'jin ne pouvait rétablir le lien avec les loas s'il n'était plus le troll qui en était à l'origine.

Il ne reconnut pas le loa qui lui envoya la vision. Il planait dans le ciel sans effort, alors il pouvait s'agir d'Akil'darah. Mais il volait de nuit, ce que n'aurait jamais fait l'aigle. Puis il s'aperçut qu'il flottait et voyait par l'intermédiaire de nombreux yeux. Il se dit alors qu'Elortha no Shadra, la Danseuse de Soie, avait fait de lui un de ses enfants. Il flottait haut dans le ciel, suspendu aux filaments de soie d'araignée portés par le vent.

Les nuages s'écartèrent en dessous de lui. Des navires aux voiles gonflées par le vent faisaient route vers le sud à toute allure. Il devait s'agir de temps anciens, car les larges voiles carrées arboraient le blason zandalari. Il ne se rappela pas de souvenir dans sa vie où les Zandalari avaient appareillé avec une flotte si puissante.

Il leva les yeux vers la voûte céleste étoilée et s'imagina découvrir des constellations agencées différemment. Il fut surpris de les reconnaître.
Et il rit.

Très bien, Mère du Venin. Ce que tu me montres, c'est une vision de maintenant, où je serais en train de réunir cette flotte. Ce que tu me montres, c'est la gloire que je pourrais en tirer pour toi et pour les loas. Une vision généreuse. J'en viendrais presque à croire qu'elle pourrait exaucer le rêve de mon père. Mais le problème, c'est est-ce que je suis encore le fils de Sen'jin ?

La brise faiblit.
L'araignée chuta.
Et Vol'jin l'enleva de son visage, ainsi que sa toile, avant de se tourner sur le côté et de replonger dans un sommeil sans rêve.


Citation :
Vol'jin but également, puis hocha la tête et reposa sa tasse.

- Ce que ça me rappelle, c'est la paix qu'on ressent quand on écrase ses ennemis. Leurs rêves, ils meurent avec eux, et notre avenir est plus clair, comme le matin après la pluie. Sa fraîcheur, elle est l'écho du craquement d'os. La douceur, c'est la joie d'entendre leurs râles d'agonie. Et le goût de la liberté, je l'ai aussi.

L'histoire du troll refroidit tout le monde et les moines en eurent les yeux écarquillés.
Il n'avait pas menti en partageant les émotions et les souvenirs révélés par le breuvage de Chen... même s'il prenait conscience qu'ils étaient durs et allaient à l'encontre de ce que s'imaginait le maître brasseur pandaren. Mais c'étaient des souvenirs de troll, qui n'en étaient pas moins valables, même s'ils n'étaient pas ceux d'un pandaren. N'importe quel individu de son espèce aurait ressenti la même chose, car c'était dans leur nature.


Citation :
Vol'jin frémit en gravissant la montagne vers le nord. Ses pas finirent par le mener dans la neige, où il s'accroupit à l'ombre. Il se laissa pénétrer par le froid pour s'endurcir, mais cela lui rappela le frisson de la tombe. Les trolls étaient jadis les maîtres du monde.

Sen'jin, son père, avait observé les autres trolls et vu la folie dans leurs désirs de reprendre leur place au sommet. Ceux-là voulaient plier le monde à leur volonté et soumettre toute chose et toute créature. Mais pourquoi ? Pour ressentir la liberté que lui avait inspirée la boisson de Chen ?

Subitement, il eut comme un éclair, assurément le même qui avait traversé l'esprit de son père, mais que ce dernier n'avait jamais partagé. Si le but était de ressentir cette liberté, restait à savoir si la conquête était la seule voie pour y parvenir.

Vol'jin avait vu quelques trolls (les taurens bleus, comme les appelait Chen) vivre aux côtés des taurens et adopter leurs us de leur plein gré. Il ne se souvenait plus s'ils avaient l'air plus ou moins en paix avec eux-mêmes, mais leur relation décousue avec leurs traditions trahissait un certain décalage avec les autres. C'était comme s'ils avaient troqué leur façon de vivre contre une autre, et que cela ne fonctionnait pas très bien.

Sen'jin avait le plus grand respect pour les traditions trolles. Et s'il avait voulu s'en détacher totalement, Vol'jin n'aurait jamais emprunté la voie des chasseurs des ombres. Son père l'avait encouragé en ce sens, et l'avait fait en allant de l'avant. Il mettait toujours l'accent sur les leçons de compréhension, et non sur les traditions à observer aveuglément.

Un commentaire que Chen lui avait fait, en l'attribuant à Taran Zhu, au sujet de navires, d'ancres et de flots, revint à Vol'jin, qui se leva et se rendit vers un endroit plus élevé, où les ombres étaient plus froides. Les traditions pouvaient être l'eau qui permettait au navire de voyager, à moins qu'elles ne l'immobilisent et l'empêchent d'avancer.

Quelque chose lui effleura le visage. C'était léger et aérien. On aurait dit une toile d'araignée. Il voulut s'en débarrasser, mais il n'y avait rien. Il se souvint avoir été une araignée flottant dans le vide et regarda en direction de la mer. Sa vision changea, affûtée par une lentille qui dilatait le temps. Là, sillonnant les flots, approchait la flotte noire qu'il avait perçue dans sa vision. Mais il s'était trompé. Ce qu'il distinguait maintenant, ce qu'il avait vu dans le rêve, n'était qu'à quelques jours, non pas dans le passé, mais dans le futur.


Citation :
Vol'jin s'était imaginé que se préparer à la guerre aurait les allures d'un rituel assez familier pour renouer le lien avec son passé. Mais l'armure pandarène le contrariait. Elle était trop courte et trop large, et le capitonnage de soie bien trop léger pour être un tant soit peu efficace. Les bandes d'écailles attachées par des cordes aux couleurs vives qui accompagnaient le plastron de cuir laqué ne tombaient pas correctement. Quand elles ne le gênaient pas tout simplement. Un moine intervint rapidement pour allonger la cuirasse qui dépassait du plastron, et Vol'jin jura que la première chose qu'il ferait serait de priver un Zandalari de la sienne pour l'enfiler.

Puis il rit. Il était trop grand pour une cuirasse pandarène, et trop petit pour une armure zandalari. Il avait déjà eu affaire à eux. Ils faisaient au moins une tête de plus que lui, voire deux s'il fallait les juger à leur arrogance. Même s'il n'aimait pas leur manière de voir les autres trolls comme des êtres inférieurs, il ne pouvait nier la beauté de leurs membres effilés et de leurs nobles traits. Une fois, il avait entendu un homme les appeler les « elfes des trolls ». Les Zandalari y avaient vu une insulte épouvantable, et leur malaise l'avait amusé.

Il partait en guerre, mais ce n'était pas sa guerre. Les Zandalari envahissaient la Pandarie, pas les îles de l'Echo.
Et si c'est pas ma guerre, pourquoi je vais me battre ? Pour que Chen, il construise une brasserie sur la côte nord ? Ou pour contrarier les Zandalari ?

Une pensée lui traversa l'esprit, sous la forme d'une voix grave et lointaine. Celle de Bwonsamdi, sortie de nulle part. Ou il faut prouver que Vol'jin est pas mort ?

Vol'jin ne trouva pas de réponse et monta en selle derrière un moine.
Je pars en guerre, Bwonsamdi, pour t'envoyer des invités que tu recevras pour l'éternité. Tu crois peut-être que tu me connais plus, mais moi, je te connais. Il est temps que tu t'en souviennes.


Citation :
Vol'jin, qui s'était accroupi tandis que le troll dévalait une butte, se releva et effectua des moulinets avec son glaive. Le Zandalari para le coup avec son épée, mais pas assez vite. Vol'jin modifia sa prise, fit pression sur la lame supérieure, puis appuya et exécuta un mouvement de torsion du poignet. Emporté par son élan, le Zandalai poursuivit son chemin et Vol'jin plongea l'extrémité de sa lame courbe dans la gorge de son adversaire, avant de la dégager d'un geste brusque et de lui ouvrir la carotide dans un véritable geyser de sang.
Le Zandalari le dévisagea en s'effondrant.

- Pourquoi ?
- Bwonsamdi, il a faim.

Vol'jin lui donna un coup de pied pour l'écarter. Il monta la colline et entailla la jambe d'un autre troll. Dans la foulé, il brandit son arme, exécuta des moulinets et l'abattit sur la nuque de son adversaire, qu'il fracassa.

Vol'jin sourit bien malgré lui. L'odeur du sang chaud lui montait au nez. Les grognements et les gémissements, les hurlements et le fracas des armes le mirent dans l'ambiance. Il se trouvait plus à son aise ici, à traquer des adversaires, qu'il ne le serait jamais dans le paisible monastère.

Un Zandalari chargea un moine pandaren en brandissant son épée pour le taillader. Le moine esquiva sur la gauche et la lame le frôla en sifflant. Puis le troll porta un coup de revers, mais son adversaire lui saisit le poignet et virevolta, si bien qu'ils se retrouvèrent dans la même direction. Le troll raidit son bras et le serra contre le ventre du pandaren. Le moine lui tordit le poignet droit et les genoux de son opposant flanchèrent. Il n'eut cependant pas le temps de tomber que le moine lui envoya un uppercut du coude. La mâchoire brisée et la gorge broyée, le troll produisit un gargouillis.

Le petit moine sauta en avant comme si de rien n'était. Vol'jin se précipita vers lui et abattit sa lame ensanglantée de gauche et de droite. Ignorant tout des facultés de régénération des trolls, qui se remettaient rapidement de leurs blessures, le moine avait pris les gesticulations de son adversaire pour des spasmes d'agonie dont il ne se relèverait pas. En fait, ils ne manifestaient rien d'autre que la colère d'un troll qui reprenait ses esprits et était sur le point de frapper.

Vol'jin porta alors un coup propre de la gorge à la nuque. La tête du troll sauta comme un bouchon et parut suspendue dans les airs pendant que le cadavre désarticulé s'effondrait. Elle finit par tomber à son tour et vint rebondir sur la poitrine du mort. Vol'jin reprit sa route et les spasmes d'agonie débutèrent pour de bon cette fois.

Un Gurubashi chargea Vol'jin sabre au clair. Le Sombrelance exécuta quelques gestes en affichant un rictus de mépris. La magie des ombres fit chanceler son adversaire en dévorant son âme. Elle le paralysa un instant. Avant que Vol'jin ne puisse l'atteindre, un moine pandashan se jeta sur lui et lui envoya un coup de pied qui lui brisa le cou.
La bataille s'intensifia et les lames jumelles de Vol'jin ne trouvèrent aucun répit.

Quelque chose le heurta lourdement entre les omoplates. Il bascula en avant, roula et se releva en tournoyant. Vol'jin voulut défier son adversaire dans un hurlement de colère et d'orgueil, mais sa gorge endolorie le trahit. Il porta un coup de glaive circulaire en dessinant une gerbe de sang, puis il se ramassa en tenant son arme au-dessus de sa tête, prêt à parer.

Il était face à un Zandalari plus grand que la plupart de ses congénères, et nettement plus large d'épaules. Il portait une épée longue, une relique d'une bataille menée sous d'autres cieux. Il s'approcha rapidement, plus vite que ne s'y attendait Vol'jin, et abattit son arme de biais en direction de sa tête. Le chasseur des ombres para avec son glaive, mais l'impact le lui arracha des mains.

Le Zandalari se jeta sur Vol'jin et lui donna un coup de tête, le faisant reculer d'un pas. Puis il jeta sa longue épée sur le côté, avança afin de saisir le Sombrelance par la poitrine, puis le souleva en enfonçant ses pouces dans sa cage thoracique. Il serra, fort, puis le secoua.

Les doigts de fer enfoncés entre ses côtes réveillèrent la douleur. Les pouces du troll transpercèrent même la cuirasse et déchirèrent la soie qu'elle dissimulait. Le Zandalari hurla de défi et de colère à la fois, montra les crocs et leva les yeux.
Leurs regards se croisèrent.
Ce moment parut s'éterniser.

Vol'jin sut quoi faire.

Comme le lui avait appris Taran Zhu, Vol'jin serra le poing et lui envoya un violent coup de poing dans la figure en lui brisant les os. Le Zandalari relâcha sa poigne. Vol'jin tomba à genoux en se rattrapant d'une main. L'autre glissa contre sa poitrine pour palper ses côtes. Il tenta de prendre un profonde inspiration, mais quelque chose le comprimait sur le flanc et l'élançait vivement. Il posa une main sur la blessure, mais ne put lancer un sort de guérison.

Vol'jin ramassa son glaive et accepta un arc de guerre et un carquois zandalari que lui tendit un moine, puis se dirigea vers les ruines du bâtiment suivant. Chaque flèche du chasseur des ombres faisait mouche, mais ne tuait pas systématiquement, car les armures en encaissaient certaines. Mais pour chacune des ses flèches, les navires zandalari disposaient de dizaines de pierres de baliste.

Alors Vol'jin se replia. Il ne trouva le corps que d'une seule moine en chemin. Deux flèches l'avaient abattue. Vu les traces qui partaient au sud, elle avait protégé deux petits des tirs qui avaient eu raison d'elle.

Il suivit la piste des petits, qui traversait le village. Lorsque les traces le menèrent à découvert, derrière une maison effondrée sur des pilotis brisés, Vol'jin entendit des grattements. Il se retourna rapidement et un guerrier zandalari apparut. Il banda son arc, mais son ennemi tira le premier.

La flèche le toucha au flanc et ressortit par le dos. Vol'jin sentit ses côtes l'élancer et chancela. Il posa un genou à terre et dégaina son glaive pendant que l'autre troll encochait une nouvelle flèche.

Le Zandalari afficha un large sourire de triomphe et dévoila fièrement sa dentition. Un instant plus tard, une flèche décrivit un arc de cercle et vint se ficher entre ses dents. L'espace d'une demi-seconde, on aurait dit que le troll vomissait des plumes. Puis ses yeux se révulsèrent et il bascula en arrière.

Vol'jin se retourna lentement et remonta des yeux la trajectoire de la flèche. Des herbes hautes couvraient la crête d'une colline. La silhouette du chasseur humain y était dissimulé.

Vol'jin passa la main dans son dos et brisa la pointe de la flèche, avant d'en ressorti la hampe par la poitrine. Il sourit lorsque la blessure se referma, puis il récupéra les flèches du zandalari et poursuivit la retraite.
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MessageSujet: Vol'jin : les ombres de la Horde   Vol'jin : les ombres de la Horde Icon_minitimeVen 11 Mai 2018 - 18:14

Être ou ne pas être


Citation :
Cinq statuettes blanches, hautes d'une dizaine de centimètres et taillées dans une pierre tendre, se tenaient sur une table, sur le côté. Près d'elles, il y avait un petit gong, une bouteille bleue et cinq petites tasses de la même couleur. Taran Zhu s'inclina devant les statuettes, puis devant les gens réunis. Ils le saluèrent à leur tour.

Yalia Sage-Murmure quitta les rangs des moines et frappa le gong. Le seigneur Taran Zhu prononça le nom du premier moine tombé au cour de la bataille. Chacun resta incliné jusqu'à ce qu'on n'entende plus l'écho de sa voix. Puis ils se redressèrent, le gong retentit à nouveau et Taran Zhu en évoqua un autre.

Vol'jin fut surpris de reconnaître les noms et de pouvoir mettre un visage sur chacun. Non pas tels que les moines étaient en partant en guerre, mais avant, lors de sa guérison. L'un d'eux lui avait fait boire un bouillon fort. Un autre avait changé ses bandages. Un troisième lui avait chuchoté des conseils pour jouer au jihui.

Quand il vivait sur les îles de l’Écho, il parlait avec les trolls qui s'entraînait bien. Il faisait l'effort de les connaître et de retenir leur nom. Il leur accordait de l'importance et voulait qu'ils le sachent. Pas simplement qu'ils se sentent fiers d'avoir été remarqués, mais pour ne pas avoir le sentiment d'être des numéros jetés dans la gueule de la guerre.


Citation :
Vol'jin vit une succession d'émotions sur le visage de l'homme. Il hocha la tête pour l'inviter à poursuivre, et resta silencieux.

- J'ai une fille, âgée de tout juste quatre ans. La dernière fois que j'étais à la maison, elle a voulu me raconter une histoire à l'heure du coucher. Elle m'a parlé d'une bergère qui avait affaire à un méchant chasseur, et qui avait l'aide d'un gentil loup. J'ai reconnu l'histoire et mis cette confusion des rôles sur l'influence de réfugiés gilnéens qui s'étaient installés en ville. Mais quand le sha m'a touché, j'ai compris la vérité. Ma femme était cette bergère, si douce et bonne, si aimante et innocente. Curieusement, j'ai fait sa connaissance en voulant éliminer une meute de loups qui s'en prenait à son troupeau. Je ne sais pas trop ce qu'elle a vu en moi. À mes yeux, elle représentait la perfection. Je l'ai courtisée et elle m'a accordé ses faveurs. Elle est le plus beau trophée de toute mon existence. Malheureusement, je suis un tueur. Je tue pour pourvoir aux besoins de ma famille. Je tue pour garantir la sécurité de mon royaume. Je ne suis pas un artisan. Je ne crée rien, je ne fais que détruire. Cela a fini par dévorer son âme. Elle était terrifiée à l'idée que je sois capable de tuer si facilement, que je puisse tuer n'importe qui et ne sache rien faire d'autre. Tout ce que je représentais et ce que j'étais devenu la privait lentement de son amour de la vie.

L'homme secoua la tête.

- La vérité, c'est qu'elle avait raison. Pendant mes absences, lorsque je faisais mon devoir, elle et Morelan se sont rapprochés. Sa femme est morte en couches, il y a des années. Son fils était ami avec ma fille. Mon épouse a veillé sur lui. Je ne me suis douté de rien, ou peut-être, n'ai-je rien voulu voir, sans quoi j'aurais compris qu'il était un meilleur père que moi pour mon propre enfant, mais également un meilleur mari pour ma propre femme.

Tyrathan se mordit la lèvre inférieur pendant un moment.

- Quand je l'ai vu, j'ai su qu'en apprenant la nouvelle de ma mort, je les libérais.

Vol'jin scruta son expression.

- Mais c'est ta famille. Tu les aimes toujours ?
- Par-dessus tout. L'idée de ne pas les revoir me tue à petit feu.
- Ce qui t'empêche pas de sacrifier ton bonheur pour le leur ?
- J'ai toujours agi pour leur offrir une vie décente. C'est peut-être mieux ainsi.


Citation :
Vol'jin se recroquevilla en posant un genou à terre et l'avant-bras droit contre son flanc. Il était monté plus haut que l'endroit où il avait parlé avec Tyrathan, mais guère plus. Au-delà, la montagne était raide. Il avait bien des connaissances en escalade, mais sa douleur aux côtes ne lui permettait pas de s'attaquer à la montagne comme il l'aurait voulu.

- Ne trouves-tu pas curieux, Vol'jin, que tu n'aies pas complètement guéri une fois le poison chassé de ton organisme ?

Encore pantelant, le troll fit volte-face.
Taran Zhu était sur le sentier, une demi-douzaine de mètres plus bas, comme s'il effectuait une simple promenade de santé. Vol'jin mit cela sur l'excellente forme du moine, et non sur sa piteuse condition physique.

- C'est des choses qu'arrivent. Zul'jin, il a perdu un œil et s'est tranché son propre bras. Il y a rien qu'a repoussé.
- Régénérer un membre ou un organe complexe n'a rien de commun avec soigner une coupure. Tu as du mal à parler à cause de ta gorge. Tu as du mal à courir et à te battre à cause de ton flanc. Nous savons tous les deux que si tu étais parti avec Chen et Tyrathan en mission de repérage dans la montagne, tu les aurais ralenti.

Vol'jin acquiesça.

- Bien qu'il boite.
- Oui. Il est resté ici plus longtemps que toi, je te le concède, mais il a mieux récupéré.

Le troll plissa les yeux.

- Et comment ça se fait ?
- Je crois qu'en un sens, il s'estime digne de se remettre. Ce qui n'est pas ton cas.

Vol'jin voulut hurler le contraire, mais sa gorge ne le lui permit tout simplement pas. Du souffle, j'en ai même pas assez.

- Continuez.

Le pandaren lui lança un sourire horripilant, qui à lui seul aurait pu justifier l'invasion zandalari.

- Il existe une race de crabes qui occupent des coquillages pour s'abriter. Une fois, deux frères grandirent côte à côte. En cherchant une nouvelle coquille, l'un d'eux trouva un crâne à la face écrasée, ce qui lui permit de se glisser dedans. L'autre découvrit le casque qui avait abrité le crâne. Le premier aimait son crâne et y grandit normalement. L'autre vit son casque comme une banale coquille. Mais lorsque vint l'heure de changer, le premier ne voulut pas quitter le crâne. Il lui avait conféré une identité, si bien que l'animal avait cessé de grandir. Le seconde, quoique hésitant, dut renoncer à rester dans le casque et abandonner son frère, car il n'arrêtait pas de grandir.

- Je suis quel frère ?

- Cela dépend de ton choix. Es-tu le crabe au crâne heureux de s'être piégé tout seul ? Ou es-tu le crâne qui continue de se développer et cherche un nouveau foyer ?

Vol'jin se passa la main sur le visage.

- Je suis un troll, ou je suis Vol'jin ?
- Je poserais la question différemment. Es-tu le Vol'jin qui a failli mourir dans une caverne, ou un troll qui cherche un autre chemin ?
- Un chemin, c'est une allégorie.
- Plus ou moins.

Est-ce que je me suis piégé dans cette caverne ?
En se rappelant la façon dont il y avait été attiré, il sentit la honte l'envahir. Oui, le fait qu'il s'en soit sorti était une victoire en soi, mais il n'aurait jamais dû être mêlé à cette escarmouche. Il avait mordu à l'hameçon de Garrosh. Aucun troll qui se respecte n'aurait dû se faire avoir ainsi. Même un homme comme Tyrathan ne serait pas tombé dans un piège aussi grossier.

- Tu te trouves à un tournant critique, Vol'jin, alors écoute le reste de l'histoire du crave. Cet autre frère, en cherchant un nouveau foyer, trouva un crâne : un crâne plus grand, et le casque qui l'accompagnait. Il dut choisir. Le crâne ou le casque.

Le troll acquiesça lentement.

- Mais ce sont pas les seuls choix.
- Pour les Pandashan, ce sont les plus commodes à considérer. En revanche, d'autres s'offrent à toi. Si tu as besoin d'autres paraboles, je serais heureux de t'en faire profiter. Tu accepteras, je l'espère, de continuer à me conseiller en matière de stratégie militaire.
- Oui. Crabe-crâne ou pas, c'est en moi.
- Alors je vais te laisser à tes réflexions.

Jusqu'alors accroupi, Vol'jin s'assit par terre. En décidant qu'aucun troll ne devait être piégé comme il l'avait été, il avait fini par se persuader qu'il n'était pas un troll. Prouver le contraire à des étrangers ne changeait rien à ce qu'il pensait.
Mais moi, je suis un troll. J'ai survécu. Je suis comme j'étais avant. Et plus sage.

Il rit sous cape. Et assez sage pour voir que j'ai été stupide.
Vol'jin se reprit et s'ouvrit aux loas. Il se glissa dans le monde grisâtre, aperçut les ombres dans les ombres, les silhouettes fugaces de plantes et d'arbres de ses jungles natales. Il prit cela comme un bon présage, puis se retourna et vit Bwonsamdi qui le dominait.

- Je me ferai plus avoir.
- Pas par des orcs en tout cas. (Le gardien des morts rit derrière son masque.) Qui c'est que je vois devant moi ?
- Un troll. C'est bien assez pour l'instant. (Vol'jin tendit la main vers lui.) Faut que je le récupère.
- Qu'est-ce que tu crois que j'ai ?
- Mon sentiment d'être un troll.

Bwonsamdi rit encore et sortit une perle noire scintillante de sa ceinture.

- Quand t'es venu me voir, tu t'étais persuadé que t'étais plus un troll. Je pensais pas que t'en avais encore besoin.
- Et tu me l'as gardée bien au chaud. Merci.

Vol'jin la recueillit dans ses mains jointes en coupe. Elle resta là, pas plus lourde qu'une plume, en projetant des étincelles piquantes contre ses paumes. Comme les picotements d'un membre endormi qui se réveille.

- Et merci à toi pour ceux que tu m'as envoyés. Être sous ma protection, ils détestent ça.

Le loa jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, en direction d'une phalange de Zandalari.

- Je vais t'en envoyer d'autres.
- T'es devenu un troll obéissant.

Vol'jin ferma le poing gauche sur la perle.

- Les autres, ils m'envoient des visions. Pourquoi ?
- Pour te rappeler ce que c'est, un troll.
- Mais la vision que m'a envoyée la Mère du Venin, elle joue contre les Zandalari.
- Les Zandalari font ce qu'ils croient lui plaire, mais ça veut pas dire qu'ils savent ce qu'elle a derrière la tête. Là où il y a pas d'efforts, y'a pas d'offrande digne de ce nom.
- Elle me dresse contre son peuple pour le mettre à l'épreuve ?
- Et tu lui seras un peu redevable s'ils échouent.
- Ils échoueront.
- Ha ! C'est pour ça que tu as toujours fait partie de mes préférés, qui que tu sois.
- Tu sauras quand tout sera terminé. Le message, il sortira de la bouche des morts zandalari.
- Mes besoins, ils sont grands, troll. Et mes faveurs, elles sont énormes.

Vol'jin acquiesça et le monde gris s'évanouit lentement pour laisser place au sommet de la montagne. Il ouvrit la main gauche, mais la perle avait déjà fusionné avec ses chairs. Il se concentra, chercha en lui, et trouva l'essence qui se propageait en faisant son œuvre. La douleur avait commencé à diminuer et les tissus se régénéraient.

Le troll prit le contrôle du processus en deux endroits. Il soigna le gros de sa plaie au flanc. Il reconstitua aussi son poumon pour pouvoir respirer, mais y laissa une cicatrice. Il voulait sentir des tiraillements, ne pas oublier ses erreurs. Il soigna également sa gorge, mais pas totalement. Il ne voulait plus entendre le son mélodieux de sa voix, celle de Vol'jin. Cette voix qui avait menacé Garrosh... et qui avait accepté la mission. Vol'jin ne voulait plus l'entendre. Il ne la reconnut pas complètement, mais il survivrait.

Comme il l'avait dit à Bwonsamdi, il était un troll pour l'instant. Il n'avait pas besoin de plus.
Lorsque je saurai qui je suis, je connaîtrai le son de celui que je suis devenu.

En redescendant au monastère, il comprit qu'il avait été le crabe-crâne en bien des façons. Il avait laissé à d'autres le soin de définir son identité. Le rêve de son père était devenu son héritage et le façonnait d'une certaine manière. Il se croyait presque pris au piège, mais son père aurait été horrifié de croire que son fils s'était senti piégé. Être un chasseur des ombres, mener les Sombrelances, compter parmi les chefs de la Horde, tout cela constituait les plaques osseuses du crâne.

Et il y avait le véritable secret de la parabole. Le crâne et le casque qui l'avaient jadis protégé étaient destinés à deux usages. Chaque crabe avait besoin de protection, mais seul le crabe qui s'était tourné vers le casque avait fait le bon choix. L'autre, certes fonctionnel, ne lui permettait plus de s'élever sur la voie de son destin.

Crâne, casque ou.... quoi ? En Pandarie, on n'avait guère que ces alternatives. Quand on souhaitait autre chose, il y avait la carapace de la tortue et la vie d'aventure qu'avait choisie Chen.

Mais, pour moi... Les éléments qu'il avait utilisés pour décrire les plaques crâniennes n'étaient pas si mauvais. Le rêve de son père avait du mérite. Vol'jin le reconnaissait volontiers. Il y avait aussi le commandement des Sombrelances. Et sa place au sein de la Horde. Il avait déjà résisté aux suppliques des Zandalari, choisi de s'allier à la Horde pour ce nouveau monde. Et voilà que la Horde s'était retournée contre lui.

Les décisions qu'il devait prendre n'étaient pas simples, et il l'acceptait. Il s'aperçut qu'on les avait souvent prises à sa place. Cela aurait pu lui nuire, mais non. Avec les encouragements de son père et les espérances placées en lui, il avait facilement choisi de devenir un chasseur des ombres. La suite avait été plus difficile, même s'il ne l'avait pas regretté, mais il n'avait jamais songé à d'autres situations.

De même, en prenant la tête des Sombrelances et en en devenant responsable, il avait déclenché toute une série d’événements. Là encore, il n'en regrettait pas un. Il fallait arrêter Zalazane. Soutenir la Horde contre le roi zandalari Rastakhan s'était imposé comme une évidence, car Thrall et la Horde les avaient aidés, lui et son père, à sauver les Sombrelances et à se reconstruire un foyer sur les îles de l’Écho.

Quitter la Horde, ça a été la décision la plus difficile de ma vie. Ça m'a presque tué.


Citation :
Vol'jin se retrouva pris au piège d'un rêve ou d'une vision ; il ne savait pas vraiment. Il n'était jamais remonté si loin dans le temps. La vision (qui, selon toute vraisemblance, était un don de la Danseuse de Soie), il fallait lui donner du poids, et cela signifiait qu'il devait en percevoir la véritable nature.

Dans cette vision, Vol'jin et un mogu paressaient au sommet d'une pyramide des jungles aujourd'hui connues sous le nom de Strangleronce. La cité qui s'étendait à leur pieds avait recouvert la plaine de pierres, qui, pour beaucoup, venaient de loin, de l'autre bout du monde que les trolls dominaient. La ville était si vieille qu'il n'en restait aucune trace à l'époque de Vol'jin, à l'exception de quelques-unes qui avaient été pillées lors des différentes reconstructions, et qui n’était maintenant plus que des débris comblant des murs envahis de vignes.

Vol'jin sentit un imperceptible mépris de la part de son invité. La pyramide n'était pas aussi haute que la montagne, et ils ne s'étaient jamais rendus au sommet, mais les trolls n'avaient pas besoin de reliefs pour voir leurs royaumes. Quand on communiquait avec les loas, quand on avait l'honneur de recevoir des visions, le besoin de hauteur physique, mortelle, disparaissait. Et les trolls ne s'entouraient pas de races d'esclaves, mais là encore, quelle espèce était digne de toucher un troll ? Leur société était divisée en castes, dont chacune jouait un rôle déterminé. Tout était ordonné sous les cieux.

Ils étaient tels qu'ils devaient être, et puissent les loas avoir pitié des mogu qui ne comprenaient pas que la réalité était ainsi faite.

Vol'jin tenta de détecteur une trace de magie des titans sur son invité, en vain. Peut-être ne l'avaient-ils pas encore découverte. Ou peut-être ne s'en étaient-ils servis pour créer les sauroks que bien plus tard dans l'histoire de l'empire. Peut-être le roi-tonnerre était-il devenu assez fou pour en ordonner l'utilisation, à moins qu'il n'ait sombré dans la folie après en avoir fait l'expérience lui-même. Cela importait peu.

Ce qui comptait, c'était le fossé qui séparait les Zandalari et les mogu. Et qui expliquait la chute de ces derniers. Les traces de mépris que Vol'jin ressentait laissèrent place à une indifférence polie entre les peuples. Ils se faisaient confiance pour ne pas s'attaquer car ils jouaient à forces égales et étaient capables de s'entre-tuer. Ils se tenaient dos à dos, sans se regarder, et aucune ne vit l'autre vaciller.

Curieusement, les deux sociétés trébuchèrent. Les esclaves que les mogu chérissaient, et dont ils dépendaient, se révoltèrent et les renversèrent. Les castes qui maintenaient les Zandalari au sommet devinrent des peuples à part entière. Diminués, les Zandalari leur laissèrent volontiers leur indépendance... et abandonnèrent leurs enfants indisciplinés, persuadés qu'ils finiraient par comprendre la bêtise de cette rébellion et par revenir en les suppliant.
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MessageSujet: Vol'jin : les ombres de la Horde   Vol'jin : les ombres de la Horde Icon_minitimeVen 11 Mai 2018 - 18:34

Capture et face à face avec les Zandalari


Citation :
Son « hôtesse » l'escorta jusqu'au cœur de la Pandarie, au palais de Mogu'shan. Elle tapa bruyamment des mains et des trolls sortirent des pièces et couloirs en baissant la tête. À en croire les tatouages, il s'agissait principalement de Gurubashi, qui servaient une poignée de Zandalari. Elle le montra du doigt.

- C'est Vol'jin, des Sombrelances. Si vous savez pas qui c'est, je romprai mon jeûne en vous dévorant le cœur à l'aube. Vous allez le baigner, et l'habiller correctement.

Une servante, la plus proche, renifla en regardant Vol'jin.

- Lui, c'est un Sombrelance, maîtresse. Il devrait se rouler dans la boue avec les cochons et voler les vêtements d'un porcher.

L'hôtesse de Vol'jin se déplaça si vite et gifla la servante si fort du revers de la main qu'elle n'aurait pas pu l'éviter, même si elle avait eu une semaine pour s'y préparer.

- Lui, c'est un chasseur des ombres. Les loas, ils le révèrent. Veillez à ce qu'il brille comme un dieu. Demain, quand le soleil il aura atteint son zénith, si les mogu ils pleurent pas devant sa beauté, et si les Zandalari ils ne geignent pas de jalousie, vous le sentirez passer. Allez !

Les serviteurs se dispersèrent, à l'exception de la vieille sorcière allongée par terre. Son hôtesse tourna la tête et sourit légèrement.

- J'espère que tes pandarens, ils se montrent plus fidèles, Vol'jin. Il y a des fois où je crois que les hommes comme l'archer qui t'accompagnait feraient de meilleurs serviteurs. On va discuter de tout ça, et d'autres choses, quand tu auras fait tes ablutions et que tu seras habillé convenablement.

Vol'jin qui d'habitude n'appréciait pas les Zandalari trouvait celle-ci plutôt intrigante.

- Après, tu m'aideras à me souvenir de ton nom.
- Non, mon cher Vol'jin (Son sourire s'élargit.) Tu n'as aucune chance de t'en souvenir, parce que tu ne l'as jamais entendu. Mais plus tard, je te le dirai, et je te donnerai une bonne raison de ne jamais l'oublier.


Citation :
Vol'jin aurait préféré refuser de se laisser nettoyer, mais les sbires de la Zandalari paraissaient tellement contrariés de pourvoir à ses besoins que cela les torturait plus que lui. Le laver, lui rafraîchir les cheveux, lui appliquer des onguents sur les mains et les pieds, puis l'habiller d'un kilt de soie fine accompagné d'une ceinture en peau de raptor furent sans doute autant de souffrances insupportables pour les Zandalari et les Gurubashi.

Pour ne rien arranger, ils lui firent l'honneur de le laisser porter une petite dague cérémonielle dans une gaine glissée au bras gauche. Tel était son privilège de chasseur des ombres. Bien qu'ils se plaisent à le croire issu d'une tribu de bâtards dégénérés et désobéissants, les plus vils d'entre eux savaient qu'ils n'auraient jamais droit à ce genre de privilèges.

La magie des lieux jouait aussi sur lui, le convainquant qu'il méritait effectivement les honneurs et les accolades. Une petite partie de lui-même voyait d'un bon œil les attentions de sa maîtresse parce qu'il avait gagné en considération. Les Gurubashi et les Amani avaient beau se moquer des Sombrelances, lorsque le roi zandalari Rastakhan avait cherché à unir tous les trolls, Vol'jin avait été invité à représenter son clan. Il avait refusé de rejoindre les autres tribus car la Horde était désormais sa famille, mais il avait tout de même été invité.

Une fois prêt, un serviteur au visage allongé le conduisit à la cour central, au milieu de laquelle flambait un feu entouré d'un simple cercle de pierres. Un peu en retrait se trouvait une petite table sur laquelle étaient posés deux gobelets dorés et un bock assorti rempli d'un vin sombre. Deux tapis avaient été placés entre la table et le feu, apportant un peu plus de confort pour se servir.

Agenouillée sur l'un d'eux, Khal'ak avivait le feu avec un tison et se leva quand il arriva. Elle avait troqué son armure de cuir contre une tenue en soie bleu foncé qui captait les teintes plus claires du spectacle qu'offrait le palais de Mogu'shan. Une simple ceinture de mailles d'or serrait sa robe sans manche à la taille. Elle avait été conçue au moyen de pièces de monnaie frappées dans toutes les terres connues, et à différentes époques. Les extrémités lui pendaient jusqu'aux genoux et il s'imaginait qu'elle se contenterait d'y ajouter une boucle au fil de ses conquêtes.
Elle lui montra le vin.

- Je t'offre un rafraîchissement. La coupe, tu la choisis. Tu sers. Je boirai dans celle que tu veux, ou les deux. Et sache qu'il n'y a ni malice ni perfidie. Tu es mon invité.

Vol'jin acquieça, mais demeura sur place, de l'autre côté du feu.

- Tu sers et tu choisis. Tu m'as fait cet honneur. Je vais te faire confiance.

Elle les servit, mais les deux coupes restèrent sur la table.

- Moi, je suis Khal'ak, servante de Vilnak'dor. Lui, il est au roi Rastakhan ce que tu étais à Thrall, et plus encore. Il s'occupe de la situation avec les pandarens. Il en est pas complètement conscient, mais il te doit beaucoup.
- Comment ça ?

Khal'ak sourit.

- Commençons par un peu d'histoire. J'ai servi Vilnak'dor et il a servi notre roi quand Rastakhan a autorisé Zul à proposer aux trolls de s'unir sous une même bannière. De tous les chefs, toi, Vol'jin des Sombrelances, tu as été le seul à refuser. Quand tu es parti, tu es passé juste devant moi. Je t'ai regardé t'en aller. Après ton départ, j'ai étudié tes traces de pas dans le sable pendant très longtemps. Je me suis demandée ce qui s'éroderait d'abord entre les rêves de Zul et les marques de ton passage.

Elle regarda le feu quelques instants.

- Alors, j'ai été très surprise, sur les côtes nord de Pandarie, quand un de mes guerriers m'a montré une empreinte que j'ai reconnue si facilement. Bien évidemment, nos espions infiltrés dans la Horde, ils nous avaient prévenus de ta disparition. Les rumeurs qui te concernent, elles sont tout à ton honneur. Le gros de la Horde, elle croit que tu es mort lors d'une mission secrète de la plus haute importance menée en son nom. Beaucoup te pleurent. Et pourtant, il y en a qui affirment que tu as été assassiné.

Vol'jin sourcilla.

- Il y en a pas un seul qui s'est dit que j'avais survécu ?

Khal'ak prit les gobelets et s'en approcha en le laissant choisir.

- Certains cinglés, si, et le curieux chaman qui prétend que tu es devenu un loa. Quelques-uns prient pour toi, et certains se sont fait tatouer une lance sombre. Généralement sur les côtes, ou à l'intérieur du biceps, car les orcs, ils aiment pas trop ce genre d'étalage.

Il prit un des gobelets.

- Et ton maître, il aime cette histoire de fantôme ? C'est pour ça qu'il devrait me remercier ?
- Oh, non, il te doit beaucoup plus.

Elle but une gorgée de vin et se retourna. Elle se dirigea vers le tapis d'un air désinvolte, les muscles de son corps mince saillant sous la soie. Elle s'agenouilla, un peu comme un fidèle devant un dieu, et but.

- Viens, s'il te plaît.

Vol'jin s'exécuta et posa son vin sur la table avant de s'asseoir.

- Ton maître ?
- Une chose, Vol'jin. Je te fais l'honneur de croire que tu n'es pas un imbécile. Durant notre conversation, tu vas apprendre beaucoup de choses, des choses importantes. Comprends bien que je suis parfaitement consciente de les partager avec toi. Mon objectif est clair. Je vais traiter avec toi honnêtement. Demande et je répondrai, si possible.

Il reprit le gobelet et but. Le vin sombre avait un goût d'épices et de fruits, originaires de Kalimdor pour certains, mais surtout de Pandarie. Il le trouvait bon, mais ne céda pas à la confiance.

- Tu disais que...
- Les mogu, ils sont arrogants et méprisants. Leur expérience des trolls, elle est basée sur des histoires antérieures à l'effondrement de leur empire. Ce qu'ils ont vu depuis, ce sont des Zandalari qui contrôlent plus qu'une fraction de ce qu'ils avaient avant, et d'autres trolls qu'ils voient comme des créatures dégénérées. Et ça, c'est ceux qui sont nos alliés. La poignée de trolls qui combat avec la Horde fait que confirmer leurs préjugés. Et soudain, y a toi.

Elle but une nouvelle gorgée de vin, puis se lécha les lèvres.

- Je ne savais pas que c'était toi, bien sûr, et je n'avais pas trop d'espoir après avoir appris ta mort. Je prêtais foi aux rumeurs les plus sinistres, vu que tu t'étais opposé plus vigoureusement à Garrosh qu'à mon roi. Je pensais que la Horde, elle était la seule à pouvoir te tuer, et je constate maintenant que je m'étais trompée.

Vol'jin ne répondit pas avec des mots, mais leva suffisamment le menton pour qu'elle voit sa cicatrice à la gorge.

- Oui. C'est ce que je me demandais. Ta voix, c'est pas celle dont je me souvenais. Nos invités de l'Alliance, ils ont aussi entendu parler de ta mort. La plupart, ils étaient soulagés. Beaucoup ne font plus les cauchemars dans lesquels tu apparaissais. Pour l'instant, en tout cas. Mais revenons-en aux mogu. Quand un troll et un homme nous ont assaillis, ça les a amusés. Et pourtant, ta nature insaisissable, elle témoignait d'un pouvoir qui les a impressionnés. Quand j'ai installé le piège de cette nuit, et ils ont grandement apprécié le spectacle, même si la présence de tes sbires pandarens les a dérangés, j’espérais pouvoir te capturer. Pas forcément avec le groupe, mais au moins te rencontrer en échange de la vie de tes animaux de compagnie.
- Parce que ?
- Parce que je veux que tu nous rejoignes. Les mogu, ils seraient impressionnés, et ça voudrait dire que notre influence, elle est forte sur le reste du monde. Selon eux, tout ce qu'on a fait, c'est pour réveiller le roi endormi. Dans leur arrogance, ils en oublient qu'ils n'y sont pas parvenus suite à l'effondrement de leur empire, des millénaires après. L'attaque d'un homme et d'un troll a révélé nos propres faiblesses, la perte de vigueur de notre sang. Si tu devenais notre allié, ce serait grandiose.

Vol'jin se renfrogna.

- Tu étais là. L'offre des Zandalari, je l'ai déjà refusée.
- C'est pas la même, chasseur des ombres, et ce n'est pas le même monde.

Elle tendit la main, pour caresser du doigt sa cicatrice à la gorge, puis celle au flanc.

- À ce moment, tu as crié haut et fort que la Horde, c'était ta famille. Elle t'a rejeté. Garrosh, mesquin et petit d'esprit, il a tué le seul qui aurait pu le conseiller dans le maelström à venir. Tu ne lui dois pas fidélité. Ton peuple, c'est les Sombrelances, et on va en faire la première des tribus. Oui, les Gurubashi, ils vont pleurer. Les Amani aussi. Ils vont s'en remettre à leur histoire, et je vais souligner leurs échecs. Car les Sombrelances, c'est la tribu qui est restée fidèle à elle-même. Si tu ne règnes pas sur un empire, c'est pas parce que tu ne peux pas, mais parce que tu ne l'as pas souhaité. Avoir prospéré et perdu, comme ils l'ont fait, n'a aucun mérite. Ils veulent la gloire pour ce qu'ils ont accompli il y a des siècles, et défait peu après.

Elle leva le menton et leurs regards se croisèrent, ses yeux brillants de la promesse d'un avenir.

- Alors, c'est mon offre, Vol'jin, chef des Sombelances. Sois pour moi ce que tu étais pour Thrall. Assume ton pouvoir de chasseur des ombres dont ton peuple a besoin. Ton peuple : les Sombrelances et les trolls. Ensemble, on montrera leur folie au monde entier, et on ramènera l'ordre sur les terres qui se languissent de notre absence.

Vol'jin leva son verre.

- C'est un grand honneur. Et une offre que seul un imbécile refuserait.
- Et seul un imbécile accepterait en se fiant simplement à ma parole.
- T'es persuasive.
- Et toi, t'es trop gentil. (Elle rit de bon cœur.) Il y a plusieurs choses qu'il faut que tu me dises, bien évidemment. Comment se fait-il que je t'ai trouvé en compagnie de pandarens, avec un homme qui t'aide à nous combattre ?

Vol'jin la dévisagea quelques instants.

- Chen Brune d'Orage, tu le connais. C'est un vieil ami. Il m'a trouvé après l'attaque des assassins de la Horde. Les moines que tes alliés mogu haïssent, ils m'ont recueilli et m'ont soigné. Ils ont fait pareil avec l'homme.

Il but un peu de vin.

- Quand à te combattre, quand j'ai vu l'invasion, j'ai pas cherché à savoir qui débarquait. Je remboursais juste ma dette envers mes bienfaiteurs.

Khal'ak pencha la tête sur le côté.

- T'as dit « quand j'ai vu l'invasion ». Alors la Danseuse de Soie t'a aussi offert des visions.

Vol'jin opina du chef.

- C'est sans doute elle.
- Oui. C'est toujours notre protectrice, mais elle est pas contente qu'on ait renoué des liens avec les mogu. Si j'ai bien compris, dans le passé, certains de nos guerriers se sont tournés vers la magie mogu, et ils l'ont abandonnée. Ce culte, il a disparu depuis longtemps, mais elle oublie pas facilement.

Le regard de Khal'ak se perdit dans les profondeurs de son vin sombre.

- Je suis pas surprise qu'elle veuille créer des ennuis maintenant pour en éviter de plus graves ensuite.
- T'as les mêmes visions que moi et tu les ignores ?
- Je trouve des solutions.
- Et j'en fais partie ?
- T'es plus qu'une solution, Vol'jin. (Elle se pencha en baissant la voix.) Tu as beaucoup à offrir, et tu seras récompensé à la hauteur de tes services. Par exemple là, ta courageuse petite équipe, elle a montré à nos troupes qu'un zandalari doit craindre les flèches. Mais le plus important, c'est qu'elle a rappelé aux mogu que leurs anciens esclaves, ils peuvent être très dangereux. On les a capturé, et c'est tout à notre honneur. Encore une fois, merci.

Le Sombrelance se rassit.

- Si je suis si intéressant, tu n'as pas peur que ton maître t'élimine et me mette à ta place ?
- Non. Il te craint. Il a pas le cran que tu as démontré en rejetant la demande du roi. Il me gardera, pour que je te surveille. (Elle sourit timidement.) Et j'ai pas peur que tu me trahisses, parce que la façon dont je vais m'y prendre, c'est en contrôlant tes amis. Chen Brume d'Orage, je le considère. L'homme, non. Mais ton estime pour lui, elle saute aux yeux.
- Cette histoire de coercition, elle témoigne pas trop de ta confiance.
- Non, je veux juste freiner tes ardeurs le temps que tu réfléchisses bien à mon offre. Je n'ai pas oublié que tu as refusé de nous rejoindre dans le passé, et que tu t'es soustrait aux ordres de Garrosh. Tu es un troll de principes, et c'est une qualité merveilleuse. J'y accorde une grande valeur. (Elle laissa sa coupe de côté et s'agenouilla en posant le dos des mains sur ses genoux.) Si tu acceptes, et que tu coopères complètement, tes compagnons, je les libérerai.
- Sans mettre de chasseurs à leur trousses ?
- Pas de raison. Tes compagnons pour l'instant ils sont bien installés... Ils profitent pas du luxe que je t'offre, mais ils sont bien. Et demain, tu verras aux premières loges la contribution des mogu à notre alliance. Quand tu auras les yeux enfin ouverts, tu comprendras en quoi ma proposition, elle est généreuse, et mérite que tu y réfléchisses sérieusement.

Ils abordèrent ensuite des sujets plus banals. Vol'jin fut certain que s'il l'avait voulu, elle se serait complètement donnée à lui. Elle aurait vu cette intimité comme un moyen d'assurer sa coopération... mais cela n'aurait marché qu'avec un individu ayant une intelligence inférieure. Elle ne l'avait pas pris pour un imbécile, aussi aurait-elle compris qu'il couchait avec elle pour lui faire croire qu'il était facilement manipulable. Elle se serait méfiée de lui et n'aurait plus eu confiance.

De l'autre côté, en se refrénant, Vol'jin gagnait un certain pouvoir sur elle. Aussi compétente soit-elle, elle s'était visiblement entichée de lui. Sans quoi, jamais elle ne se serait souvenue de sa trace de pas dans le sable, des années plus tôt. Elle voudrait que leur relation soit consommée, ne serait-ce que pour justifier tout ce temps où elle s'était intéressée à lui.
Il pouvait s'en servir, quelle que soit sa réponse à son offre.
Ils parlèrent encore quelques instants, puis s'endormirent dans la cour, à la belle étoile.


Citation :
Vilnak'dor le dévisageait, les yeux écarquillés, comme s'ils étaient coincés derrière une paire de lunettes gnomes chapardées. Khal'ak s'arrêta et s'inclina.

- Mon seigneur, puis-je vous présenter...
- Je sais qui c'est. J'ai senti sa puanteur avant qu'il arrive.

Le chef zandalari mit un terme aux présentations d'un geste :

- Vol'jin qui s'enfuit la queue entre les jambes, donne-moi une bonne raison de pas te tuer sur-le-champ.

Le Sombrelance sourit.

- À ta place, c'est sans doute ce que je ferais.
- Ah oui ?
- Aucun doute. Ça apaiserait le seigneur de guerre mogu Kao. Tes vêtements. Ta coiffure. À l'évidence, tu cherches avant tout à plaire aux mogu. Me tuer, ça t'aiderait.

Le Sombrelance laissa au Zandalari perplexe quelques instants pour reprendre son souffle avant de poursuivre.

- Ce serait aussi une grossière erreur. Ça te coûterait la victoire.
- Vraiment ?
- Sans l'ombre d'un doute. (Vol'jin continua d'une voix grave et rude, celle qu'il avait lors de sa guérison.) La Horde, elle me croit mort. Assassiné. Des gens savent que j'ai survécu. Si tu me tues et que tu t'en vantes, les Sombrelances, ils te rejoindront jamais. Le rêve de ton roi, celui d'un grand empire troll, il sera fichu. En plus, tu te mettras la Horde à dos. Tu sauveras Garrosh de ses querelles intestines en concentrant la haine sur toi. Tant que je serai vivant, il craindra que je raconte ce qui s'est réellement passé. Khal'ak est au courant. De nombreuses rumeurs circulent. Je suis la flèche qui pourra transpercer le cœur de Garrosh le moment venu.
- Une flèche dans son cœur, ou une épine dans mon pied.
- Une épine dans le pied de beaucoup. Tu te sers de moi et de ma position pour pousser les Gurubashi et les Amani à faire plus. Tu te sers de moi comme d'une promesse d'avancement pour appâter les plus petites tribus. La motivation par la peur, ça marche, mais seulement s'il y a de l'espoir en face.

Le vieux général zandalari plissa les yeux.

- Les Sombrelances montreront l'exemple. C'est ton prix ?
- C'est pas cher payé. Tu récupérerais les Sombrelances là où ton roi a échoué.

Tenté, le vieux troll écarquilla encore les yeux.

- Mais est-ce que je peux te faire confiance ?

Khal'ak hocha la tête.

- Il est motivé, mon seigneur.

Vol'jin s'inclina d'un air grave.

- Pas simplement parce que tu détiens trois de mes compagnons. Mes choix sont limités. Le chef de la Horde, il a cherché à me faire assassiner. J'y ai plus de pouvoir. Les Sombrelances, s'ils sont loyaux, mais ils sont pas assez nombreux pour résister seuls à la Horde ou à vos efforts. Je le savais avant de voir les mogu. Les pandarens, ils ont été assez forts dans le passé, mais aujourd'hui ? Ils ont besoin d'un homme et de moi pour s'opposer à vous.
- Et toi, Vol'jin, personnellement, qu'attends-tu de ça ? Tu voudrais me supplanter ? Tu voudrais régner sur les Zandalari ?
- Si je voulais un tel pouvoir, je régnerai à Orgrimmar, assis sur un trône maculé de sang orc. Cette voie, ce désir, ils sont pas pour moi. T'es le légataire de l'héritage zandalari. Les traditions zandalari, elles te façonnent. Elles écrivent ton destin. Moi aussi, je suis l'héritier d'une vieille civilisation. Je suis un chasseur des ombres. Les Zandalari, ils étaient encore des enfants quand mes traditions, elles étaient déjà mûres depuis longtemps. Mes choix sont définis par les loas. Les loas, ils veulent ce qu'il y a de mieux pour leur peuple. Si Elortha no Shadra, elle m'avait dit que ce qu'il y avait de mieux pour les trolls, c'était ta mort, cette petite dague (Vol'jin tapota la dague attachée à son bras gauche.) elle t'aurait déjà cloué l’œil au fond du crâne.

Vilnak'dor tenta de garder son calme, mais se trahit en croisant les bras.

- C'est ça qui... ?
- Elle m'a envoyé des visions exprimant son mécontentement, général, mais elle m'a pas demandé de te tuer. Elle m'a rappelé mes responsabilités. Ma vie, mes désirs, ils sont à son service. Les trolls à nouveau dominants, un retour aux vieilles traditions, c'est ça qui la comble. En étant à ta disposition, je la sers. Si tu veux bien de moi.

Le ton sincère avec lequel Vol'jin prononça la dernière phrase fit réfléchir le Zandalari. Il sourit avec indulgence en tirant sur les larges extrémités de sa ceinture de soie dorée. Son expression laissa place à une mine dont il pensait qu'elle reflétait clairvoyance et considération.

Et pourtant, il fait tout ça en étant habillé comme un enfant mogu, dans une pièce bâtie à la mesure des mogu.

Avec ses grandes fenêtres en arrière-plan, ses épais volets sculptés et ses icônes gravées sur les murs, le décor dominait Vilnak'dor. Vol'jin ne comprenait pas pourquoi Rastakhan avait envoyé ce général. Peut-être était-il celui qui avait le moins de chance d'offenser les mogu ? Il se figura aussi que Vilnak'dor n'était pas le seul Zandalari de haut rang participant à l'invasion.


Citation :
Ses compagnons s'écartèrent de la porte de la cage, comme le leur ordonnaient les Zandalari, puis lui souhaitèrent la bienvenue lorsque les gardes s'en allèrent. Ils lui demandèrent de tout leur raconter, ce qu'il fit, en commençant par la proposition de Khal'ak, avant de poursuivre avec le chef zandalari et leur conversation, sans oublier la démonstration de force des mogu. Vol'jin dévisagea son compagnon humain.

- Ton raisonnement se tient. T'as pris la décision de continuer à te faire passer pour mort parce que, aussi pénible que ça soit, c'est mieux pour ta famille, c'est bien ça ?
- Oui.
- Et t'as pris cette décision parce que tu vois la vie comme elle est, pas comme tu l'imaginais ou la voulais, pas vrai ?

Tyrathan opina du chef. Vol'jin s'accroupit et baissa la voix.

- Comme je l'ai dit, ton raisonnement se tient. Pour faire ce qu'il y a de mieux pour sa famille, il faut agir en se basant sur la vérité, pas sur des chimères. C'est, et ç'a toujours été, le problème des Zandalari.

Chen s'approcha.

- Je ne comprends pas.
- Tu devrais pourtant, mon ami. T'étais aux premières loges. Les Sombrelances, tu les connais. T'as été parmi nous. Notre cœur, tu l'as vu. Les Zandalari, les Gurubashi et les Amani, ils nous méprisent. Ils croient qu'on a rien fait pendant qu'ils bâtissaient des empires, avant de les perdre. Les Gurubashi pensaient pouvoir nous exterminer quand bon leur semblait. Ils ont échoué. Ils n'ont pas su voir la vérité. Les Sombrelances, ils ont survécu. On a survécu parce qu'on vit dans un monde bien réel, pas dans un monde dont on pleure la disparition. Eux, ils s'appuient sur des critères imaginaires. Ils savent pas à quoi ressemblaient les empires du passé, pas vraiment. Ils en connaissent que les légendes romanesques. Leurs critères, ils sont pas réalistes, non seulement parce qu'ils sont basés sur des mensonges, mais aussi parce qu'ils n'ont plus leur place dans le monde d'aujourd'hui.

Voir Vilnak'dor vêtu comme un mogu, écrasé par l'architecture propre à ce peuple, avait fixé une pensée qui hantait les rêves et les visions de Vol'jin. Il suffisait d'étudier l'histoire des trolls pour y voir une descente aux enfers. Jadis, les trolls étaient unis, mais depuis, leur société s'était fracturée, et chacun de ses fragments avait tenté de renouer avec une gloire imaginaire. Non seulement c'était impossible, mais pour y parvenir, les factions s'entre-déchiraient ; même si les Zandalari cherchaient aujourd'hui à les rassembler, c'était moins pour renouer avec l'ancienne société des trolls que pour reprendre leur place au sommet de l'élite de leur civilisation. Dans leur désir de façonner un empire et de dominer le monde, tous ces fragments agissaient pour prouver qu'ils étaient les meilleurs.

Sen'jin, le père de Vol'jin, n'avait jamais vu les choses de cette façon. Il voulait ce qu'il y avait de mieux pour les Sombrelances : un foyer qui ne connaîtrait aucune peur, où ils pourraient pourvoir à leurs besoins en toute tranquillité. Pour tous ceux dont le pouvoir, le passé et les rêves d'empire étaient l'unique obsession, c'était une bien maigre ambition.

Tyrathan l'avait exprimée en faisant référence aux frayeurs de son épouse, affirmant qu'il ne savait que tuer et détruire. Le jugement de cette femme s'appliquait certainement aux Zandalari et aux mogu. Ils étaient animés par un besoin de vengeance, mais une fois tous leurs ennemis éliminés, qu'adviendrait-il ? Seraient-ils capables de fonder une société idyllique, ou chercheraient-ils de nouveaux ennemis quitte à ce qu'ils soient au sein même de leur propre peuple ?

Il n'avait pas menti en affirmant à Vilnak'dor que son devoir de chasseur des ombres consistait à faire ce qu'il y avait de mieux pour les trolls. Participer à une guerre sanguinaire pour restaurer des empires disparus depuis des siècles s'écartait pourtant bien de cet objectif. Non pas parce que cela coûterait des vies, mais parce qu'un tel projet n'était pas en phase avec les réalités du monde.
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MessageSujet: Vol'jin : les ombres de la Horde   Vol'jin : les ombres de la Horde Icon_minitimeVen 11 Mai 2018 - 18:46

Conclusion


Citation :
Vol'jin sentit la présence de son père et n'osa pas ouvrir les yeux. Après leur fuite de la forteresse mogu, le chasseur des ombres avait rejoint sa cellule du monastère pour s'isoler malgré l'activité frénétique qui régnait parmi les Pandashan en prévision de l'assaut. Il croyait fermement à tout ce qu'il avait dit à Taran Zhu.

Sa conviction était telle qu'il ressentit le besoin immédiat de communiquer avec les loas. Ce qu'il faisait était juste (il n'avait aucun doute à ce sujet), mais il imaginait parfaitement les loas lui tourner le dos. Car même s'ils trouvaient les activités des Zandalari nuisibles, son engagement auprès des pandarens pouvait lui aussi être considéré comme préjudiciable aux trolls.

La présence de son père le rassura, dans le sens où il ne ressentit pas d'hostilité. Vol'jin se força à garder une respiration régulière. Il mêla ce qu'il avait appris au monastère à des pratiques plus anciennes. Il aborda les loas comme devait le faire un chasseur des ombres : avec confiance et détermination. Et, pourtant, tel un adulte ayant vénéré et chéri son père, et les rêves de ce dernier, il prit un plaisir espiègle en remarquant que celui-ci venait à lui en premier.

Vol'jin put voir sans avoir besoin d'ouvrir les yeux. Son père était là, un peu plus voûté par l'âge que Vol'jin n'aimait à s'en rappeler, mais il avait le regard toujours aussi vif. Il portait un lourd manteau de laine bleue dont la capuche lui tombait sur les épaules. Il semblait souriant. Le chasseur des ombres ne chercha pas à cacher son sourire, même s'il ne l'afficha que brièvement.

- C'est ce que tu attendais de moi ?
- T'opposer aux Zandalari ici, dans un endroit où t'es voué à tomber ? Te mêler d'une bataille pour le bien d'un peuple qui te comprend pas et ne se donne même pas la peine d'essayer ? Non, mon fils.

Sen'jin relâcha ses épaules en secouant la tête. Vol'jin baissa les yeux, le cœur serré. Il avait l'impression qu'on y avait enroulé une chaîne rouillée hérissée de pointes avant de serrer très fort. S'il avait bien un objectif dans la vie, c'était de faire la fierté de son père. Qu'il en soit ainsi si je dois le décevoir malgré tout.

La voix de Sen'jin vint à lui doucement, teintée de joie en dépit de sa gravité.

- C'est pas à ça que je m'attendais de ta part, Vol'jin. En revanche c'est à ça que les loas s'attendent de la part des chasseurs des ombres. Je suis surpris, mais j'ai toujours su que tu atteindrais des sommets le moment venu.

Vol'jin leva les yeux et sentit l'étau se desserrer dans sa poitrine.

- Je pense pas tout comprendre, père.
- Toi, Vol'jin, t'es mon fils. Je suis fier de toi et de tout ce que tu as accompli. (L'esprit de son père leva un doigt.) Mais quand t'es devenu un chasseur des ombres, t'as transcendé ta place de fils. T'es un père pour tous les trolls désormais. T'es responsable de nous tous, de ce qui nous attend. Notre avenir, il est entre tes mains... et je vois personne de plus digne à qui le confier.

Le monde de Vol'jin se transforma. Il se retrouva près de son père sans avoir bougé. Il vit les étoiles exploser dans un ciel nocturne riche en déflagrations. Il vit Azeroth naître du néant. Les loas vinrent et offrirent aux trolls leur nature même, leur demandant en échange un culte et des prières éternels. Des guerres et des calamités, de bons moments et des instants de joie se succédèrent, tels autant d'événements satinés sur le ruban de l'histoire.

Quelles que soient ses visions, et si brèves soient-elles, Vol'jin aperçut un chasseur des ombres, peut-être même deux ou cinq. Parfois, ils se situaient à l'avant. Souvent, ils restaient à côté ou derrière un chef dynamique. De temps en temps, ils se réunissaient en conseil. Leur approbation était toujours attendue, et la sagesse de leurs décisions respectée.

Jusqu'à ce que les Zandalari commencent à s'imposer. C'était vraiment logique, car les trolls se sophistiquaient et bâtissaient des cités. Ils cessèrent leurs errances, accumulèrent des richesses et se mirent à construire. Ils élevèrent des oratoires et des temples, et une classe de substituts apparut, offrant des sacrifices et interprétant les messages des loas. L'importance des populations éloigna les trolls des métiers qui les rapprochaient de la nature et des loas ; et de vieux préceptes durent être révisés et interprétés pour une nouvelle ère et une autre civilisation. Les Zandalari s'investirent pleinement, en insistant bien sur l'importance de leur position, sans quoi leur caste n'aurait plus eu aucune raison d'exister.

Cela passa cependant par la nécessité de redéfinir le rôle du chasseur des ombres. Oui, la fin de sa formation était toujours un grand événement en soi. Une bénédiction que chacun fêtait. Les chasseurs des ombres devenaient des héros mythiques : respectés mais également craints, car ils marchaient aux côtés des loas, et ne pouvaient donc pas tout à fait comprendre les besoins des mortels.

Vol'jin frissonna. Le désir inné de reconnaissances des Zandalari était partagé par les autres tribus trolles. Khal'ak était une victime, elle aussi, mais d'une autre façon. Elle cherchait à s'allier à un chasseur des ombres pour son statut. Leur collaboration leur octroyait davantage de légitimité.
Jusqu'à ce que j'arrive et que je gâche tout ça.

La fresque historique ralentit ici et là, à des moments décisifs. Les démonstrations se révélaient plus grandioses, les foules plus importantes, l'éloquence des uns et des autres plus volcanique, plus caustique. La frénésie s'empara des vastes hordes recouvrant le paysage.

Pourtant, Vol'jin ne vit aucun chasseur des ombres dans ces scènes. Et quand il en entrapercevait un, il se détournait.
Comme j'ai fait, quand on m'a demandé de rejoindre Zul. Comme j'ai fait, quand je me suis séparé de Garrosh.

Soudain, la dernière pièce se mit en place. Les Zandalari prétendaient parler au nom des loas. Peut-être avaient-ils fini par croire qu'ils étaient leurs égaux. Ils se pensaient assurément à l'écart des autres trolls. Ils étaient meilleurs. Ils avaient quelque chose de plus. Et les Gurubashi et les Amani, en tentant d'imiter les Zandalari et de restaurer leur gloire, étaient victimes de la même vanité. Cet égotisme engendrait l'arrogance, qui vouait leurs efforts à l'échec.

À chaque fois, un chasseur des ombres s'était détourné. Les trolls l'interprétaient comme un vestige du passé désapprouvant le futur. Selon eux, cette action n'avait pas d'autre sens. Mais cette interprétation les coupait de leur profonde nature.

Un chasseur des ombres pouvait sans doute conseiller et mener, mais ce n'était pas son véritable rôle. Ce n'était pas la raison pour laquelle les loas venaient et se fiaient à lui. Un chasseur des ombres était la véritable mesure de ce qu'était un troll. Tous les trolls, et ce qu'ils accomplissaient, étaient jugés par rapport au chasseur des ombres. Les chasseurs des ombres étaient certainement plus compétents que la plupart des trolls. Mais chaque troll pouvait prendre exemple sur eux et contribuer à l'effort de la communauté. Voilà qui aurait confirmé leur nature de troll.

Vol'jin se vit sur la balance d'un marchand. Khal'al et Vilnak'dor se trouvaient sur l'autre plateau. La balance pencha en faveur de Vol'jin et fit monter les Zandalari. Il saisit alors comment leurs adversaires, haut perchés, justifiaient le fait de croire qu'il était moins troll qu'eux.

Vol'jin se demanda si ce qu'il avait ressenti correspondait à la véritable nature de ses compagnons du monastère ou de la Horde. De toute évidence, ils n'étaient pas ses égaux d'un point de vue purement troll, mais leurs efforts vis-à-vis de leur patrie, leur désintéressement et leur abnégation égalaient incontestablement les siens. Mesurés à l'aide de cette balance, leur caractère et leur cœur étaient aussi trolls que les siens.

Rexxar, qui aimait autant la Horde que lui, épousait également ces vertus. Vol'jin aurait souhaité la présence de son ami mok'nathal. Il était plus proche de l'essence fondamentale des trolls que les Zandalari. Ces derniers, et d'autres du même acabit, étaient des bâtards à queue en tire-bouchon pleurnichant face au loup parce qu'eux-mêmes en avaient jadis été, mais ils étaient différents désormais. Certes, leur pelage était probablement plus luisant et vif. Ils faisaient sans doute mieux leur œuvre. Ils vivaient certainement plus longtemps. Mais ils avaient oublié que tout cela ne comptait pas pour un loup, dont le seul but était de se comporter en loup. Une fois oubliée, cette vérité fut remplacée par d'autres substituts. Mais quelle que soit l'authenticité qu'ils souhaitaient leur donner, ils faisaient tous pâle figure à côté de la vérité originelle.
Vol'jin pencha la tête sur le côté et regarda son père.

- Être un troll, ça n'a rien à voir avec des histoires d'apparence ou de lignée.
- On ne peut pas totalement les écarter, fiston, mais l'esprit qui fait de nous des trolls, qui nous rend dignes d'attirer l'attention des loas, il est antérieur à l'apparence qu'on a aujourd'hui. Et le chasseur des ombres, il se détourne des voies qui nous coupent de cet esprit.

Vol'jin rit.

- Tu veux me faire croire que la Horde, elle est plus trolle que les Zandalari ?
- Il y a sans doute un fond de vérité là-dedans. Tu sais comment on s'appelait avant d'être des Sombrelances ? Avant d'être des Gurubashi ?
- J'ai jamais... (Vol'jin se renfrogna.) Je sais pas, père. Comment ?
- Moi non plus, fiston. (L'esprit du troll dodelina de la tête.) Une chose est sûre, on était bien quelque chose. Les Zandalari, ils ont toujours essayé de façonner ce qu'on est, et d'autres en ont profité pour renforcer ces idées. Ceci dit, je suis sûr que dans vingt millénaires, la question posée pourrait être : « Tu sais quel était notre nom avant de s'appeler la Horde ? »
- C'est ta vision des trolls, père ?

Sen'jin secoua la tête lentement.

- Ma vision des trolls était simple : redevenir un peuple mené par un chasseur des ombres. Ça s'accompagnait quand même d'une condition spéciale : il nous fallait un chasseur des ombres compétent. Beaucoup d'entre eux se contentent de se dérober à une entreprise qui peut conduire à un désastre. Toi, fiston, t'es un chasseur des ombres capable d'éviter les catastrophes.
- Mais les loas, ils vont y croire ?

Le gloussement froid de Bwonsamdi fit trembler la poitrine de Vol'jin, qui se retourna pour se retrouver face au loa.

- T'as pas écouté ton père, chasseur des ombres ? Les loas, ils étaient là avant les trolls. Ton père, il cherche à savoir comment on les appelait avant. Moi, je me suis demandé comment on les appelait avant ça, et encore avant. T'es une rivière. Certains diront que t'es de l'eau. Ils veulent que tu stagnes. T'es plus que ça, tout comme la rivière, elle est plus que de l'eau.
- Et la Horde ?

Le loa écarta les bras.

- Une rivière, c'est une rivière. Large et peu profonde ou étroite, profonde et rapide, on s'en fiche. On est des esprits. On s'intéresse à ton esprit. Respecte notre contrat, sois fidèle à ta nature, à toi-même et à tes obligations, et tu prospéreras.
- T'auras bientôt ton content d'âmes zandalari.

Le loa eut un rire amer.

- T'arriveras jamais à me rassasier.
- Je ne vais pas tarder.
- Et tu seras le bienvenu. Les trolls, je les accueillie tous à bras ouverts.

Curieusement, Vol'jin trouva cette remarque réconfortante. Non pas parce qu'il désirait mourir, mais parce que cela signifiait qu'il ne serait pas séparé de ses amis. Cela ne semblait pas grand-chose maintenant, mais pour le chasseur des ombres, cela suffisait pour l'instant.
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