La bénédiction d'Hir'eek

Les jours sont plus courts, les nuits plus fraiches, même dans les gorges poussiéreuses de Durotar. Aux derniers rayons de soleil avant la plongée dans la nuit obscure, les Héritiers furent guidés par Oghun, le papé d’Acrae et vénérable féticheur de son état, jusqu’à l’un des nombreux îlots de l’archipel des Échos. Ils l’avaient suivi pour honorer le loa seigneur des ténèbres opaques, gardien nocturne des aveugles et des égarés.

Hir’eek.

Loa tombé en disgrâce depuis les évènements de Nazmir, mais ses fidèles les plus zélés ne l’avaient pas abandonné. Soit qu’ils ne croyaient pas la version « officielle » relatée par les agents zandalari voués à la Horde, soit qu’ils considéraient que les faveurs du loa chiroptère valaient bien de continuer à lui accorder des prières en dépit de tout.

Oghun fait partie de ces anciens vieux trolls bornés, aux traditions bien ancrées. Les habitudes ont la vie dure. Celle d’Oghun avait été bien rude, à l’instar des autres Sombrelances, pavée d’épreuves, de deuils, de résignation et de désillusion. Mais Hir’eek avait toujours répondu présent quand la situation l’exigeait. Quand les trolls en avaient besoin. Que ce fût pour trouver un chemin ou du courage. Il n’abandonnait ni les faibles - les défaillants - ni les fourvoyés.

Acrae et les autres Héritiers prévoyaient un voyage en Norfendre et ils auraient bien besoin de sa protection là-bas. Aussi furent-ils tous invités à communier avec le loa seigneur de la nuit. Ceci attira l’attention d’un de ses enfants nichant dans les arbres et cavernes des îles qui s’approcha d’eux et tournoya autour du groupe en prière et en danse.

Finalement, Oghun prit cela pour un bon présage et, pour qu’ils obtiennent l’entière bénédiction d’Hir’eek, leur fit boire un breuvage de transformation temporaire avec une épreuve à surmonter pour prouver leur force de conviction : faire le tour de l’île sous cette forme confuse, où leurs sens seraient chamboulés.

Avec difficulté pour maitriser le vol et sans les repères visuels habituels, les petits chiroptères se débattirent au-dessus des eaux, chutant parfois ou se cognant contre un palmier ou un rocher, prenant la mauvaise direction, buvant une ou deux fois la tasse en tombant à l'eau, mais finirent par comprendre que leur force venait des sons émis par les uns et les autres, et qui tous ensemble, permettaient de mieux s’orienter conjointement. Telle est la leçon d’Hir’eek : « tu n’es jamais perdu ni affaibli, si tu peux compter sur tes alliés ; accordez-vous mutuellement confiance et il n’y aura jamais d’errance. »