Retour et retrouvailles

A mesure que les trolls avancent, le désert fait place aux marais de Nazmir qu’ils longent en surplomb, sur le plateau d'Antul'mita. En passant près de fosses pleines de goudron, Ta’ka lance la sacoche contenant la boussole qui a causé quelques ennuis depuis leur départ de Tortaka. Tous s’arrêtent le temps de voir le goudron avaler l’objet maudit avant de reprendre leur chemin. Sala’jin jette un regard en coin vers Vanhem et Jum’sha, si les deux trolls regardent la scène avec attention, aucun d’eux ne bouge pour autant et ils semblent même soulagés.


Longeant Nazmir, la petite caravane trolle remonte lentement en direction de la forêt dense où se situe la cité de Dazar’alor. La navrecorne de Jum’sha, Voyembi, la plus chargée, transporte le coffre récupéré des mains des Farraki et contenant les précieuses tablettes.

Le Gurubashi retient à peine sa bonne humeur, Vol’dun n’a été facile pour aucun d’entre eux, mais ils reviennent avec l’une des tablettes du loa oublié !

Après tout ce temps, ces années à chercher… Enfin !

Il n’avait jamais douté, ni senti le temps passer, mais d’avoir posé la main sur une seconde tablette lui fait réaliser que sa quête, le chemin a été long mais le résultat est là ! Protégé dans un coffre.

Les premiers arbres de la forêt entourant Dazar’alor se font enfin voir. Autour d’eux, le marais laisse progressivement place à un environnement plus vert et vivant, l’allure augmente sans forcement qu’ils s’en rendent compte. Malgré la fatigue, le poids du long voyage qu’ils ont effectué semble s’alléger un peu, les paroles échangées sont plus légères, car bientôt ils pourront poser les affaires. L’envie de se poser dans le village calme non loin de la cité zandalari, de retrouver Wa’ai afin de lui raconter ce qu’ils ont dû traverser, ce qu'ils ont trouvé, les épreuves au fur et à mesure des jours et surtout montrer la fameuse tablette afin qu’elle confirme définitivement l’origine !


C’est en début de soirée qu’ils atteignirent le village, tous purent décharger leurs affaires, se mettre à l’aise et se retrouver sur l’étage de l’auberge. Ils sont passés par l'ouest, près du Jardin des loas, et ont contourné le Zocalo en restant hors de la ville-tempe, sur les sentiers de terre, préférant éviter l'activité de Dazar'alor.

Attablé, chacun put se servir un verre et partager le repas, Sala’jin demanda à l’aubergiste s’il était possible de déjà réserver la même chambre pour Wa’ai, résidant actuellement à la terrasse des prédicateurs. L’aubergiste, content de retrouver les (bons clients) trolls, accepta sans souci, ajoutant même qu’avec les réparations encore en cours, suite à l’assaut des peaux-roses sur Dazar’alor, elle serait sûrement mieux ici. D'ailleurs les affaires sont moroses depuis, et retrouver ce groupe de clients réguliers semble presque faire plaisir à cet humble roturier zandalari.

Le silence se fit d’un coup, demandant plus d’explication sur cet « assaut », l’aubergiste leur expliqua que les forces de l’alliance avait mené une diversion en Nazmir et profité pour prendre d’assaut la capitale. En avait résulté une bataille débutant au port et qui avait gagné toute la ville, avec pour conséquence la mort du roi Rasthakan, l’ascension de Talanji sur le trône et la confirmation de l’alliance entre Horde et Zandalari, tout cela remontant à deux ou trois mois en arrière.

Vanhem bondit sur ces pieds se transformant en félin et partit en courant en direction de la cité.

Le pire qu’ils pouvaient imaginer était arrivé, et cela remontait en plus à plusieurs mois sans qu'ils n'en aient eu connaissance, isolés à l'écart du monde dans le marais et le désert ! Pas le temps de se reposer, ils devaient s’assurer que Wa’ai soit saine et sauve.

Les trolls se précipitèrent dans la ville à la recherche de Wa’ai. Il était inconcevable pour eux qu’elle est pu être une victime de ce conflit qu’ils cherchaient justement à éviter. S’ils avaient accepté qu’elle reste à Dazar’Alor c’était pour qu'elle soit à l'écart du danger.

Ils se rendirent aussi vite que possible là où ils savaient Wa’ai résider mais ne purent rencontrer que les deux autres occupants du lieu, le prédicatrice Ik'nal, dernière des Crocs-d'ombre et l’un des derniers Drakkari, gardé ici par les Zandalari. Ils leur assurèrent avoir vu Wa’ai dans les jours qui suivirent l’assaut des peaux-roses en train d’aider les survivants, civils ou militaires en apportant des soins au milieu des éboulis provoqués par les bâtiments et rues détruits par les combats, cependant dans le chaos de la ville mise à sac, ils la perdirent de vue et durent constater son absence peu après, cela faisait donc plusieurs mois qu’elle avait disparu.

En interrogeant la capitaine des gardes zandalari de la terrasse des prédicateurs, le groupe apprit qu'au lendemain de l'assaut de l'Alliance, les forces de l'armée zandalari avait été grandement réduites, et dans la débâcle la disparition d'un troll ou d'une trollesse parmi les survivants était passée inaperçue. Ils apprirent aussi qu’Etash, le loup de Wa’ai, offert par Zagethia, avait été transmis aux Orcs plus à même de le calmer alors qu'il avait été retrouvé blessé et enragé.

Jum’sha apprenant cela se précipita en direction du port afin de trouver des soudards orcs ayant pu récupérer le loup, suivi de Vanhem qui comptait parcourir le port de long en large pour détecter une odeur familière. Le reste du groupe continua de question la capitaine zandalari, qui fouilla dans ses souvenirs et précisa que la belluaire orque qui était venue chercher Etash s'entrainait à la Mugambala, un terrain d'exercice militaire offert par Rastakhan à la Horde pour ses troupes, à l'extérieur ouest de la ville-temple.

Ta'ka revint de l'ambassade sombrelance où Wa'ai ne figurait pas car n'était pas recensée comme résidente de la tribu. C'est alors que la présence d'un troll encapuchonné se fit remarqué. Ôtant sa capuche, il s'agissait de Gomgo, qui revenait de mission et cherchait lui aussi Wa'ai, et plus largement les Héritiers dont il n'avait eu aucune nouvelle depuis de longs mois. Il était rassuré de les retrouver vivants mais s'alarma de leur enquête. Il leur confia que la capitale avait été ébranlée non seulement par l'assaut de l'Alliance, mais aussi à une guerre civile peu de temps après, lors du couronnement de la nouvelle reine Talanji qui avait beaucoup divisé l'opinion et conduit à des émeutes violentes. Puisque la prêtresse avait été vu après le retrait des troupes de peaux-roses, Wa'ai avait-elle disparu plus tard, dans le désordre des manifestations ?


Tous les trolls finirent par se rassembler, notamment Jum’sha et Vanhem qui furent récupérés au port, afin de se rendre au camp militaire, dont l’accès fut filtré par deux trolls rastari. Ceux-ci leur refusèrent l’accès : le civils n'avaient rien à faire là, et encore moins des trolls qui n'étaient pas membres de la Horde, les Zandalari veillaient à ce que le nouveau pacte avec la Horde ne soit entaché d'aucune tentative contestataire de la part de tribus mineures envers les soldats stationnés là.

Le groupe avait débarqué à une heure tardive et ils n'avaient qu'à revenir à un moment moins dérangeant s'ils voulaient s'entretenir avec un des responsables du campement avec son autorisation. Ta’ka se tut, préférant ne pas faire valoir le fait qu’elle soit une ex-soldat pour éviter tout souci lié à ses absences sur le front. Jum’sha tenta néanmoins de prévenir le garde qu’il ne fallait pas commencer le dressage d’Etash, ce à quoi le Rastari rigola, vu qu’ils venaient deux mois après l’assaut. Ils durent prendre leur mal en patience et repartir.

Les trolls retournèrent à une heure plus convenable à la Mugambala, le terrain d'entrainement militaire de la Horde. Cette fois-ci ils furent autorisés pénétrer sous surveillance dans l’enceinte militaire et conduits au superviseur local, le grand seigneur de guerre Volrath, un troll sombrelance borgne à l'air grognard. Le groupe se présenta et expliqua la requête qui les amenait ici : une orque belluaire à qui la garde zandalari aurait confié un grand loup gris. Volrath visualisait qui était cette orque, elle s'appelait Dorka et s'était en effet occupé de ce loup qui s'était d'abord montré enragé et bruyant, puis avait progressivement basculé dans une léthargie plaintive.


Malheureusement ils ne purent rencontrer Dorka, missionnée sur un autre front. Il leur apprit qu’elle n'avait pas emmené Etash car il n'était pas en état de combattre, semblait inconsolable puis refusant toute tentative de domptage ou même d’alimentation un moment à tel point que Dorka finit par renoncer. Heureusement, le fils de Dorka, Kogan, qui avait suivi sa mère en Zandalar, prit le relais.

Les trolls demandèrent immédiatement à le voir... mais le jeune orc n'était pas encore en âge d'être soldat, il n'était pas au camp. Durant les absences de sa mère au service de la Horde sur diverses missions, il vadrouillait dans la jungle locale à laquelle il se confrontait, aiguisant ses sens et sa survie, n'appréciant guère s'entrainait auprès de ses congénères. S’ils furent au début dépités, voyant la maigre piste s’évanouir, savoir qu’Etash était en vie et surtout toujours ici en Zandalar, leur procura une bouffé de soulagement.

Volrath leur indiqua que Kogan avait emmené Etash en direction du Kraal des Bêtes de guerre. Les Zandalari là-bas gardant un œil sur le jeune orc et ses activités. Remerciant le capitaine troll, les trolls partirent aussitôt en direction du kraal afin de rencontrer Kogan. Comme indiqué, les Zandalari sur place purent facilement indiquer l’emplacement d'un petit campement que l'enfant orc occupé par intermittence au milieu de la jungle proche.

Ils trouvèrent le jeune orc avec Etash et . Etash après avoir flairé en direction des trolls se précipita vers eux afin de les accueillir à grand renfort de coups de langue et Kogan en fut plus que surpris. Le loup semblait en forme, bien qu'il fut visiblement amaigri et que son pelage argenté soit bien plus sale et rêche qu'auparavant.


Ce fut Jum’sha qui prit le temps d’expliquer à l’apprenti dresseur qui était vraiment Etash, pourquoi ils ne le cherchaient que maintenant et le remerciant de tout ce qu’il avait fait pour lui. Kogan, comprit et accepta les paroles pleine de bon sens du Scalp-rouge et personne ne fut dupe sur le fait qu’il s’était pris d’amitié de ce grand loup qu'il avait réussi à suffisamment amadouer pour lui redonner un peu d'appétit, et qui avait veillé sur lui, dormant sur son flanc et chassant à ses côtés.

Intérieurement les trolls n’auraient bien évidement pas laissé Kogan garder Etash, mais chacun put apprécier la réaction de l’orc tachant de montrer qu’il pouvait rester digne et sur la bonne voix pour devenir un bon belluaire en acceptant de laisser un animal qu’il avait gardé, soigné, cajolé, retourner auprès des siens.

Les Héritiers avaient pu récupérer Etash et furent heureux de le savoir à nouveau à leurs côtés, mais Wa’ai demeurait introuvable. Gomgo les ayant informés des dissensions qui avaient été provoquées par le chaos de l’après bataille, les trolls se dirigèrent vers le Zocalo afin d’y glaner des informations. Wa'ai aurait-elle été un "dégât collatéral" d'une rixe ? S'était-elle trouvée au mauvais endroit au mauvais moment ?


Malheureusement aucun commerçant, tavernier, ni garde ne se souvenait avoir vu une la prêtresse ombres-vives aux crins argentés durant les émeutes qui avaient éclaté sur place le jour du couronnement de la reine Talanji. Cela remontait tout simplement à trop longtemps et ils voyaient chaque jour défiler de nombreuses têtes étrangères, surtout depuis l'ouverture de Zandalar aux peuples amis de la Horde. Néanmoins les Héritiers apprirent que l’assaut mené par l’Alliance avait été poussé depuis le port jusqu’au Zocalo, pourtant le quartier le plus reculé de la ville.

Zho’wahte, parle-mort zandalari, fut émue par leur situation et décida de leur apporter toute l’aide possible. Elle se chargea de communier avec le monde des morts pour s’assurer que l’esprit de la trollesse disparue n’y erre pas. Son passage de l’Autre côté lui procura un sentiment auquel elle n’était pas habituée, elle qui pourtant côtoyait ce sombre monde spectral depuis bien longtemps. Les lieux étaient chargés d’une puissante magie résiduelle, qui ne pouvait qu’être l’apanage d’un loa, et une nuée de murmures assaillit la parle-mort, susurrant à propos de devoir millénaire sacré et de la volonté incontestable et irrésistible de leur gardien éternel. Errants à présent sans but, il semblait bien que Bwonsamdi ait rappelé de leur repos ces nombreuses âmes qui erraient à présent, perturbées, en attendant de retourner progressivement à leur léthargie ordinaire. Zho’wahte ne perçut nulle part la présence de l’âme de la prêtresse.

Laissant la Zandalari se rétablir de cette transe lugubre, Vanhem proposa quelque chose qu’il n’avait jamais pleinement expérimenté mais dont il se sentait capable après le rituel subi au temple de Kimbul : communiquer avec Etash. Cela impliquait qu’il laisse son esprit animal entrer en communion avec celui du grand loup et de laisser leurs émotions être partagées dans le cadre d’une communication sensitive. Toutefois, il devait garder le contrôle et ne pas se laisser entièrement entrainer par les instincts et pensées de sa bête intérieure.

S’installant à l’écart du groupe, Vanhem laissa Etash venir vers lui. Si le loup avait témoigné des signes de joie en retrouvant les Héritiers, une déception évidente avait pris le dessus, celle de ne pas retrouver sa frêle cavalière avec eux. Vanhem comprit cette douleur et, constatant que Etash l’autorisait à poser une main sur lui, il laissa la part animale en lui prendre progressivement le dessus. Vanhem ressentit alors comme sien tout l’accablement du loup, affligé du fardeau d’avoir échoué à protéger sa vieille maitresse au moment critique.

Vanhem lâcha un peu plus prise tandis que le regard du loup semblait lui parler comme un livre ouvert, mais d’une façon qui se passait de mot. En effet, c’était plutôt des sensations et émotions communicatives qui jaillissaient dans son esprit à travers celui de la bête, le ramenant aux instants où Wa’ai aidait les soldats et civils de la terrasse des prédicateurs, à la suite de l’assaut sur Dazar’alor. A travers Etash il se remémora les éclats de voix trolles, un combat entre des trolls inconnus de différentes tribus, et le goût du sang dans sa gueule quand ses crocs s’étaient refermés sur le bras d’un individu qui avait poussé la vieille trollesse à terre, puis la sensation des coups portés contre lui, tenant bon pour ne pas lâcher prise et puis le noir complet.

Se réappropriant progressivement le cours de ses propres pensées et refluant au fond de lui les "souvenirs-émotions" d'Etash ainsi que l'essence de sa propre nature bestiale, Vanhem revint au moment présent. Après un moment pour recouvrer ses esprits, il informa le reste du groupe sur ce qu'il venait de découvrir concernant le moment où vraisemblablement Wa'ai avait disparu de la ville-temple. Une visite et des questions s’imposaient auprès des prédicateurs locaux.

Jum’sha se renseigna auprès de son grand-père, Jum’ajas, et des autres Scalp-rouges habitant la terrasse des prédicateurs, qui confirmèrent que des tensions s’étaient parfois transformées en altercations dans les jours qui suivirent la bataille de Dazar’alor. En effet, l’armée étant affaiblie par les combats, l’effort se concentrant sur la reconstruction et le secours aux victimes, et une partie des golems de surveillance étant détruite ou dysfonctionnelle, plus rien ne retenait les têtes brûlées des tribus dites « mineures » de se faire entendre au milieu des gravats et du chaos général, là où d’ordinaire une répression des gardes zandalari aurait si tôt coupé court à toute protestation trop virulente.

Les Scalp-rouges ne portaient ni les Zandalari, ni la Horde dans leur cœur et ils ne cachèrent pas avoir soutenu les représentants d’autres tribus qui militaient pour un retour du « conseil des tribus » régnant, à l’annonce du décès de Rastakhan, pour évincer Talanji. Cela aurait permis de chasser la Horde de Zandalar, que les elfes, les morts-vivants, et parfois la combinaison des deux comme leur cheffe de guerre, cessent de s'immiscer dans les affaires du peuple troll et que les traitres comme les Sombrelances retournent aider les autres races plutôt que leur propre sang, comme ils savaient si bien le faire. Néanmoins, les Scalps-rouges se défendirent d’avoir blessé ou vilipendé une vieille prêtresse.

Le groupe suivit ensuite Vanhem en grimpant les nombreux escaliers : le changeforme tentait de repérer l’endroit qu’il avait vu à travers les souvenirs d’Etash. A l’écart de la place principale, sur les hauteurs de la terrasse, il retrouva le lieu où Wa’ai s’était occupée des blessés et des morts, militaires ou civils, retrouvés dans les décombres de Dazar’alor dont les rues et bâtiments avaient subi de multiples explosions durant l’attaque de l’Alliance.

Les Héritiers croisèrent une trollesse Hache-d’hiver et la questionnèrent concernant ce qui s’était passé. Elle se rappelait des tensions et disputes, nourries par la peur, la haine et la frustration, et se souvenait bien de la prêtresse aux mains usées et à la tunique violette tâchées du sang des mutilés et autres estropiés, mais elle n’aurait su dire exactement la dernière fois qu’elle l’avait vu, ni où elle était partie.

Soudain, Etash gronda et se précipita vers un groupe d’une trollesse et deux trolls des forêts qui venaient de s’installer à l’autre bout de la placette pour discuter entre eux. Vanhem et Jum’sha furent obligés de retenir le grand loup ou bien il se serait jeté sur ces prédicateurs brûleronces, qui levèrent la tête en entendant les grognements enragés de l’animal. Suivant les indications d’Etash, le groupe s’avança prudemment.

Devant l’insistance du loup à vouloir les déchiqueter, qui constituait une preuve de l’implication d’au moins un de ces trolls dans ce qui était arrivé à Wa’ai, les Héritiers parvinrent à extraire quelques bribes d’informations malgré le caractère revêche des Brûleronces qui semblaient prêts à en découdre s’il n’y avait pas eu une patrouille de golem non loin. Ainsi ils avouèrent qu’ils se souvenaient très bien du grand loup gris, et de la vieille prêtresse qu’il protégeait, mais ils nièrent toute implication dans sa disparition. L’altercation avait débuté entre trolls de diverses tribus pro ou anti-Horde. Ces derniers estimaient que les Zandalari, les Sombrelances et tous ceux qui les soutenaient méritaient leur sort et qu’il fallait les laisser crever, qu’importe qu’ils aient des balles de fusil logées dans la poitrine, des éclats de bombe dans les entrailles gênant leur régénération. Wa’ai avait continué à apporter son aide à tous les blessés, quels qu’ils soient, malgré ces avertissements.

Le lendemain, le ton était monté, la colère était à son comble et, pensant que Wa’ai était Sombrelance (puisqu'elle s'échiner à vouloir soigner tout le monde sans distinction et qu'une monture lupine typiquement orque l'accompagnait constamment) des trolls brûleronces, mais aussi d’autres tribus soutenant leurs idées, en étaient venus aux mains, la saisissant, pour l’écarter d’un zandalari mourant qui avait été retrouvé suffoquant après des jours sous les décombres d’un bâtiment et dont la régénération avait commencé à ressouder les côtes alors qu’elles étaient enfoncées dans les poumons par le poids des gravats. Etash s’était interposé, la trollesse avait été projetée à terre, les aboiements et grondements du loup avaient alerté deux Vengebroches, qui étaient venus à la rescousse, puis d’autres trolls de tous bords s’étaient ajoutés, formant deux groupes opposés dans une confrontation de rue qui avait dégénéré… jusqu’à l’arrivée tardive de forces militaires zandalari qui étaient venues remettre de l’ordre à grands coups de lances et d’épées, dispersant chacun. Les brûleronces se souvenaient que le loup avait été mis K.O. dans la rixe et la femelle crut se souvenir d'avoir vu la vieille prêtresse ramper pour s'écarter des combats, vers l'arche délimitant la ville-temple de la jungle.

En apprenant cela, les Héritiers enragèrent autant qu'Etash, mais ils furent contraints de faire preuve de retenue pour ne pas troubler l'ordre public : ce n'était pas le moment de perdre du temps en explication avec les gardes zandalari et l'image des Héritiers en aurait pâti. Cependant, les menaces suffirent à faire déguerpir les trois Brûleronces qui crachèrent de mépris envers le groupe.

Néanmoins, leur histoire concordait avec le récit de la capitaine des gardes, des Scalp-rouges et les souvenirs d'Etash. Wa'ai avait été mise à terre ici, et s'était donc dirigée péniblement hors de portée de ses agresseurs, mais elle était en vie à ce moment-là, que lui était-il arrivé ensuite ?

En fouillant alentour de l'arche délimitant la ville-temple de la jungle, là où la Brûleronce s'était souvenue avoir vu ramper Wa'ai, le flair d'Etash se porta sous une fougère, d'où Vanhem déterra précautionneusement une écaille orangée de belle taille. Les Héritiers songèrent à un sephrak embusqué, mais ce pouvait tout aussi bien être une peau d'animal servant de parure comme celle d'Acrae.  


Jum'sha traça un cercle dans la terre sur place. Aidé de Zho'wahte et Vanhem, il usa de magie vaudou en se concentrant sur l'écaille. Recherchant à travers les mailles de l'immense réseau de mojo, leurs efforts parvinrent à figurer l'origine de l'écaille, une peau de serpent, tué par une trollesse à la peau sombre, sortie d'une caverne cachée au coeur de la jungle locale. Dans la vision floue conférée au parle-loa, Jum'sha distingua avant que le sort ne leur soit renvoyé, des troupeaux d'étranges tortures terrestres épineuses.

Aussitôt Ta'ka songea à des ankylodons. Il y en avait aux alentours de Zeb'ahari, un village de pêcheur au nord-est de Zuldazar. Le groupe se mit en marche à travers la jungle et remonta la piste.


Leur arrivée près de la cavité rocheuse qu'ils approchèrent prudemment en évitant de perturber les ankylodons dont les combats entre mâles étaient violents, fut accueillie à coup de fléchettes paralysantes. Jum'sha et Gomgo parvinrent à se glisser près de l'entrée, Jum'sha se retrouvant pris dans un filet, mais ils réussirent à établir le dialogue avec la gardienne des lieux, bien qu'elle fut sur la défensive et peu loquace.

Lorsqu'elle découvrit l'identité de Jum'sha, elle leur prodigua un anti-paralysant et accepta de les entrainer à l'intérieur de la caverne, où était hébergée la prêtresse qu'ils cherchaient.


Sabarmati, tel était son nom, avait été envoyée à la surface par sa tribu troglodyte, guidée par une vision de sa matriarche en quête de la prêtresse aux crins argentés. Elle l'avait suivie et observée de loin, mais après l'assaut de l'Alliance sur Dazar'alor et les risques encourus par Wa'ai, Sabarmati en était venue à la conclusion qu'il fallait l'écarter du danger. Le jour où des trolls s'en étaient pris à Wa'ai, Sabarmati avait profité de la confusion pour "emporter" la vieille prêtresse loin de la ville des Zandalari, sans demander la permission de l'intéressée.


Si Wa'ai était reconnaissante à son "hôte" pour sa prévenance et sa protection, elle avait néanmoins été contrainte à un certain nombre de règles strictes concernant sa sécurité et n'avait pu faire parvenir aucun message à l'extérieur. La prêtresse fut soulagée de revoir chacun en vie, craignant pour eux à mesure que les mois s'étaient écoulés pour leur mission, sans qu'ils ne reviennent à Zuldazar.


Wa'ai avait utilisé ce temps confiné dans les entrailles souterraines pour en apprendre plus sur la tribu de Sabarmati. Ils se nommaient les Fongeroches et vivaient depuis des temps immémoriaux dans les sous-sols, cachés des Zandalari et des étrangers. Ainsi ce qu'ils savaient du monde était désuet, mais ils avaient conservé une savance ancienne d'un temps où les continents n'en formaient qu'un. Néanmoins, la perte d'un de leur loa avait fini par déterminer leur Grande Prêtresse et Matriarche à s'exposer à la surface et trouver des alliés de confiance.

Wa'ai put repartir sous la protection des Héritiers et il fut convenu que la Matriarche des Fongeroches viendraient à eux dans les semaines qui suivrait, pour se présenter convenablement et partager mutuellement leurs connaissances. C'est ainsi que Samariya, la guide spirituelle, matriarche des Fongeroches, se présenta à eux sous escorte quelques temps après, débutant un cycle de plusieurs entretiens d'échanges culturels et ethniques.


Par la suite, les Zandalari furent avertis du retour de Wa'ai, et du fait qu'elle avait été retrouvée, elle qui était portée disparue depuis des mois. Malgré l'insistance des chroniqueurs à ce que la prêtresse ombres-vives réintègre les appartements dédiés aux émissaires spéciaux des tribus en voix de disparition, Wa'ai, soutenue par Zho'wahte et Ta'ka, refusa à répétition le plus diplomatiquement possible. Le chroniqueur Zun'khal abandonna, mais tenta de mettre Zho'wahte sous ses directives pour qu'elle l'avertisse de tout besoin ou urgence au sujet de Wa'ai, assurant qu'il souhaitait offrir tout le confort et les facilités possibles à Celle-qui-voit durant son séjour sur les terres Zandalari.


Wa'ai en profita pour délivrer aux chroniqueurs le résultat des recherches du groupe : le coffre ouvragé scellé que les Héritiers avaient arraché aux Farraki extrémistes et qui contenait des textes, reliques, tablettes et parchemins visiblement d'origine drakkari. Elle précisa que malheureusement les Farraki, malins et suspicieux, avaient dû retirer du coffre tout ce qui mentionnait le rituel permettant de voler le mojo d'un loa incarné. La mission était donc partiellement fructueuse mais le chroniqueur les remercia néanmoins chaleureusement... ne se doutant pas un instant qu'une pièce de la collection avait été récupérée en douce par les Héritiers pour leur propre recherche sur le loa oublié.