Héritiers du makoa loa

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 Holes in my self confidence

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Trik'we

Trik'we


Rôle : Parle-Esprit

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MessageSujet: Holes in my self confidence   Holes in my self confidence Icon_minitimeJeu 18 Mar 2021 - 20:23

Il lui reste la confusion et la
combustion

[EN COURS D'ECRITURE]


Un front de mer bordé de quais façonnés dans la roche d’une civilisation insulaire ne fait pas un port. L’identité des docks réside moins dans la passivité du décor que la convergence de forces opposées amarrées à la même ancre. Un port, c’est le mariage impossible entre l’inconnu des vastes océans poussant les navires au loin et l’habitude caressante du foyer endormi dans l’immobilité de son intimité. Le rendez-vous troublant entre une porte ouverte et une porte fermée. Les promeneurs de passage lisent le synonyme de dépaysement dans l’écho des vagues frappant les coques verdies par les algues d’un ailleurs. Le vent iodé soufflé par le voyage leur fredonne la promesse d’un changement que seul eux peuvent entendre. Mais Trik’we est un résident pour qui la mélodie de l’océan est le bruit de fond du quotidien. Il est atome collé aux autres pour donner forme à la molécule portuaire de Dazar’alor. Coup de pinceau ordinaire du paysage exotique pour les curieux qui naviguent jusque sur leur île, sa normalité est le spectacle d’un autre. Il rêve d’embarquer direction la nouveauté. De lui aussi trouver une porte ouverte qui ne claquera jamais derrière lui comme le clapet d’une souricière. Sa lumière crépite d’envie de se colorer de lueurs inexplorées par le chatoiement zandalari. Il traine le pas sur les pavements et hante les rues qui l’ont vu grandir et mourir. Les habitations portuaires creusent des galeries dans les murs comme les pores minent la peau, faisant transpirer la ville-temple de vie. Le jeune troll peine à se l’avouer, mais il ne parvient plus à entrer dans la synchronisation de cette danse traditionnelle. Par moment, le suintement de sa plaie le prive de la perception des couleurs. Il perd alors la sensation de chaleur rassurante tisonnée dans la routine. Dans ces moments, il sent la haine du port à son égard dépecer sa culpabilité pour la mettre à vif, arracher ce que ses origines avaient d’accueillant pour faire vibrer en lui les fils de fer de la traitrise. Il voit des barreaux de métal pousser dans le ventre de sable qui l’a fait naître, comme les dents acérées d’une gueule prête à dévorer son avenir. Fermés dans leur ceinture de pierre, chaque dock ressemble à une muraille d’incarcération. Les rues, puant la rouille et rongées par les intempéries, rétrécissent toute perspective. Et sous l’horizon bouché par la brume, l’océan s’apparente à une flaque d’eau sur laquelle on jette vainement des paquebots dolents. Confinés dans les murs de la contrainte des besoins, les pêcheurs, artisans, portefaix et autres basse-castes méditent sur la liberté, l’ambition du départ ne se réveillant que lorsqu’un navire chante son démarrage. Trik’we a peur de vieillir dans cette résignation. D’obéir, de vivre, de se réveiller et de se rendre compte qu’il n’a jamais vécu. Il est encore plus effrayé à l’idée de retourner là-haut, parmi ceux que sa crédulité a cru reconnaître comme les siens. A Zuldazar, chacun se doit de tenir en place, mais le jeunot est né avec la bougeotte dans les membres. On lui fourrait les pieds dans l’eau salée et lui tendait les bras vers le ciel étoilé. Alors on a essayé de le plaquer sur une selle de chevauche. Même s’il dérangeait parfois sa posture guerrière pour se pencher vers les nuages moutonneux, il a cru qu’on était enfin arrivé à faire quelque chose de lui. Qu’il valait mieux qu’un moins que rien. Mieux qu’un coquillage fixé à jamais sur la roche du tableau du port doré. Pourtant la peur ne l’a jamais quitté totalement. De devenir étranger à sa propre familiarité. D’ici et pourtant d’ailleurs, mais surtout jamais là où il faudrait. De prétendre plus que d’être et de saboter en conséquence tout ce qu’on confie à ses mains éternellement novices car faites pour les mauvais outils. La vérité, la sienne, c’est qu’il a aidé l’Alliance plus qu’il ne l’a repoussée. Elle a pris ce qu’elle était venue chercher et n’a rien payé en retour. Il s’est endormi dans un mensonge. On lui a menti et lui les a tous trahi pour pouvoir y croire. Quelle belle escroquerie

« Il se cachait là, eh ! On s’inquiétait pour lui. »

C’était la voix de moineau de Ziz’khu, la neuvième. Elle a des corde-vocales fines comme le reste, tissées pour l’intimité du bouche-à-oreille. Pourtant elle parvient à percer le bouquant du Bazar, aussi bien le marché que celui dans sa tête, comme une éclaircie traverse un orage. Elle se tient aux côtés de Ma’ku et Be’cha, le huitième et la cinquième. Ma’ku étire l’affabilité de son gigantesque sourire, ses mains sur ses hanches lui donnant ces allures de gentil géant que sa physionomie allongée porte si bien.
« C’est réconfortant de voir le petit dixième marcher à nouveau, mais t’éloigner comme ça tu devrais éviter. »
« Il avait besoin de prendre l’air, les rassure le cadet avec un rictus. »
Be’cha hausse son sourcil dans la mine sceptique qui fait souvent grimacer l’élasticité de son éloquence.
« Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’air dans notre chambre. »
« Tu sais qu’il voulait parler d’air frais, pas vrai ? dit Ma’ku. »
« Bien sûr qu’elle le sait. »
La perspicacité de Ziz’khu est difficile à surprendre. Elle sait le huitième éloigné du profil de l’idiot, mais elle refuse d’encourager sa passivité bienveillante face à la corrosion de la cinquième. Be’cha mime bien l’égoïsme, mais ils sont dans un moment délicat où la forme compte autant que le fond.
« On est chargé de veiller sur son état. Le moral en fait partie. »
« Ouais. Tu veux savoir quelle autre évidence je sais ? Que c’est le repos qui va le remettre sur pied et pas la puanteur de l’air frais du marché qui lui fait tant envie. Vous deux aussi, sinon vous ne lui aurez pas couru après. Et quel bonheur de savoir que nous sommes tous pragmatiques, vraiment. Maintenant qu’il a fait son caprice et respiré un coup, s’ils pouvaient s’activer vers le chemin du retour, ça arrangerait la part d’elle qui n’a pas envie d’entendre les sermons sans fin de Drez’kan quand il rentrera. »

Un rire grimpe dans la gorge du petit chevaucheur. Il se contorsionne entre ses lèvres closes dans un tremblement fébrile. Il rigole, mais cette joie estropiée ne trouve dans le trio aucun écho pour lui répondre. Ziz’khu a les cils de leur père, il parait. Ils tombent devant ses larges pupilles rondes pour les tailler en brèche afin de refléter plus fidèlement la nature de l’âme perçante tapie derrière. Il peut la sentir creuser pour chercher à l’atteindre.
« Qu’est-ce qu’il t’arrive ? »
A l’autre bout, Trik’we a les intonations de ceux qui s’interdise une émotion.
« A chaque fois qu’il a été heureux dans sa vie, c’était avec vous. On se juge pas, on est ce qu’on est. Imparfaits … car vivants… »
Les trois trolls font un pas en avant mais leurs oreilles reculent.
« Alors … Il est juste content qu’ils soient là, eh. Tous. De les voir vivre imparfaitement. De voir qu’ils vont bien malgré tout ce qui est arrivé ici. » Il serre les lèvres et l’empathie de Ziz’khu la pousse à l’imiter. Et comme pour le refrain de l’océan et le brouhaha de la foule, l’habitude commence à lui faire oublier le grésillement de l’incendie. Le ciel les couvrant est empourpré d’une lueur sanguine scélérate. Les grandes flammes ronflantes lèchent les fondations de bois qui s’effritent dans un craquement doux, posant leur signature de suie sur leur passage. Les cendres tourbillonnent vers les hauteurs, nuées de papillons noirs grâcieux redescendant en pluie fine pour enterrer les ruines dans la poussière de l’oubli. Car il faudra bien oublier, un jour. Ziz’khu approche pour lui tendre une main fermée sur ce qu’elle vient de sortir de sa sacoche.
« Tiens. »
Le jeunot redresse la tête sur la petite boîte scellée. Il la saisit, la retourne dans ses doigts sans l’ouvrir. La neuvième lui sourit.
« Tu la regarderas plus tard, quand tu iras mieux. »
Et elle sent que c’est ce dont il a besoin. Alors, dans une inspiration, elle le tire vers lui pour refermer ses bras autour de ses épaules. Percevoir ses griffes s’enfoncer dans son haut et son expression s’enfuir dans la confidence de son épaule. Elle presse sa joue contre ses cheveux rosés et ses yeux invitent son frère et sa sœur à les rejoindre. Ils s’avancent. Appuient leur front contre son crâne pour s’unir à nouveau dans l’enlacement de leurs bras et de leurs âmes. Blotti au centre de leur présence, Trik’we se sent enfin respirer. Chez lui, à l’abri du monde et de ses vérités qu’il ne veut plus voir, une sensation physique commence à crépiter délicatement sous sa peau. De la douleur. Elle attend le moment où il s’en rend compte pour relever brusquement ses paupières de flammes et allumer chaque particule de son poitrail. Ses yeux s’ouvrent brusquement dans une crispation intolérable. Son corps lutte pour étouffer l’assaillante avec un cri éraillé qu’il va chercher directement dans ses tripes.
« Trik’we ? »
Il se plie, l’harmonie de sa voix rompue par l’introduction de notes effroyables lorsque l’affliction irradie comme un soleil néfaste. Elle prend en otage ses autres membres et des tremblements incontrôlables le frappent de toutes parts.
« Regardez sa blessure… »
« Drez’kan va nous tuer, je vous l’avais dit ! »
« Trik’w-

« Immobilisez ses jambes. »
Il lui reste la confusion et la combustion. Son corps qui hurle et frappe tout ce qui passe à sa portée dans une rage dépersonnalisée. Il s’entend à nouveau rire et l’euphorie de l’adrénaline infusée dans sa voix envoie sa furie valser contre le mur d’à côté dans un fracas métallique. « T’as vu ça ?! T’as vu ce qu’on a fait ?! On est des vrais chevaucheurs ! Je te l’avais dit ! On me regardera plus jamais de haut ! Faudra lever la tête pour espérer m’apercevoir filer entre les nuages ! » L’envie d’arracher son propre cœur lui prend les tripes. Sa mâchoire se compresse davantage et la déraison de sa tête imbibée de sueur se rabat en arrière pour percuter avec force la paillasse sur laquelle on l’a allongé. Il multiplie le geste dans une violence croissante. Tout pour se réveiller. Assommer ce cauchemar, cette solitude effroyable qui l’absorbe comme un trou noir. Des doigts se referment sur lui comme des menottes pour le figer sur la couche. Il ne se reconnait pas assez pour se voir rugir et cogner de plus belle, bête démentielle. « Il aurait mieux valu qu’il meurt. » « Ça, ce n’est pas à toi de le décider. » On recouvre ses paupières en pressant sur son front pour essayer de le maintenir en place et seul le mélange qu’on glisse à nouveau dans ses veines parvient à le calmer.  



_______________________________________


Le dé roule pour s’arrêter sur un six gagnant. Moe’makani sourit en calculant le résultat et relève son regard sur le chevaucheur pour réclamer sa récompense.
« Pourquoi cette haine des haute-castes ? »
Trik’we le fixe, lui et son fin rictus qui soudainement lui parait insupportable. Il ramasse les cubes taillés dans la chair d’un fruit et les plaque dans la main du zandalari.
« J'aime pas ton jeu, eh. »
Le vagabond hoche la tête.
« La sincérité est un sol inconfortable sur lequel on s'assoit. Je comprends tout à fait. »
« Il est sincère, et c'est parce qu'il est sincère qu'il lui cache pas qu'il n'aime pas répondre à ses questions, rétorque le jeunot à l’échine hérissée. Te voir essayer de rentrer dans sa tête sans que je comprenne ce que tu espères y faire. »
« Seulement comprendre, dit simplement l’autre, son sourire grandissant encore. Mais ce n'est pas grave. Ma réponse, je finirais bien par l'avoir tôt ou tard. Ou bien il n'y a pas vraiment de raison à ça. Pas ta propre raison. »
Il hausse des épaules et s'avance. Le fils de pêcheur serre les lèvres en le sentant se rapprocher aussi bien physiquement que spirituellement, le dos rapidement coincé contre la toile de la hutte. Moe’makani balaye le vent d’un geste de la main et se penche pour appuyer son regard dans le sien, son visage prenant une teinte plus sérieuse, froissée par l’inquiétude.
« Ce soir, je ne te prendrais rien d'autres Trik'we. Non, moi, je ne te prendrais rien. Ne laisse pas les autres le faire. Ne leur en donne plus la possibilité. »
Et il dépose ses yeux sur les dix trous dans ses oreilles qui ne regénèreront jamais, fantômes de ses boucles dorées familiales.
« Ta ma'da a condamné ses enfants. Pourquoi, ça, moi je le sais pas. On peut donner des mots, des objets. Pas un morceau de soi. »



(...)



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